Serge POLIAKOFF

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1900-1969

Peintre franco-russe

Photo © Édition Galerie française, München

Peintre de la Nouvelle École de Paris, Serge Poliakoff est un artiste majeur de l’abstraction lyrique d’après-guerre. Il s’écarta de l’abstraction géométrique en axant son style sur les qualités propres de la couleur et des valeurs. C’est à partir de 1946 que Poliakoff rejoignit l’avant-garde de la peinture abstraite au point d’en devenir l’un des chefs de file.

Une enfance contrainte par la Révolution russe

Né en 1900 à Moscou, Serge Poliakoff est l’avant-dernier d’une fratrie de quatorze enfants. Son père, éleveur de chevaux, était le fournisseur de l’armée russe et possédait une écurie de course.

À partir de 1914, le jeune garçon suivit des cours de dessin à Moscou. Poliakoff peignit ses premiers paysages à Naltchik, lieu où exerçait le peintre Isaac Levitan (1860-1900), chef de file des paysagistes russes.

Peu intéressé par les études classiques, Serge Poliakoff s’adonna au chant, à la guitare et se passionna pour l’opéra.

La Révolution russe qui éclata en 1917 le contraignit à suivre sa tante Nastia — célèbre cantatrice — dans sa tournée. L’accompagnant à la guitare, Serge Poliakoff traversa la Russie, le Caucase, se réfugia à Constantinople avant de traverser l’Europe en passant par Sofia, Belgrade, Vienne, Berlin puis Paris.

1923-1933 : l’apprentissage à Paris

Fixé à Paris en 1923, Serge Poliakoff suivit des cours dans diverses académies. Il étudia la peinture à l’Académie de la Grande Chaumière, située à Montparnasse, à partir de 1929.

Le peintre exposa ses œuvres pour la première fois en 1931 à l’occasion d’une exposition de groupe à la Galerie Drouant. Ses œuvres de jeunesse — nus, portraits, paysages — étaient alors très représentatifs du style académique prédominant à l’époque (Le Sacré-Cœur, 1934, gouache sur papier).

En 1933, Poliakoff rejoignit l’Académie Fouchot où il eut notamment pour professeur le peintre Othon Friesz (1879-1949).

1935-1937 : le séjour londonien

En 1935, Serge Poliakoff quitta Paris pour Londres où il suivit durant deux ans une formation au sein de la Slade School of Art. Durant ce séjour, le jeune homme visita les musées londoniens qui l’aidèrent à trouver sa propre expression picturale. Poliakoff prêta une grande attention aux Primitifs italiens — Cimabue, Giotto, Simone Martini — ainsi qu’aux plus modernes Vélasquez, Cézanne, Gauguin, Seurat, Paul Klee et Juan Gris. Mais son plus grand choc artistique est dû à sa découverte des sarcophages égyptiens du British Museum, le questionnant sur la couleur et les matières utilisées.

1937-1945 : le retour à Paris

De retour à Paris en 1937, Serge Poliakoff organisa pour la première fois une exposition personnelle de ses œuvres à la Galerie Zak. Il fit alors la rencontre de Vassily Kandinsky [1866-1944], peintre russe ayant gagné la capitale française après la fermeture du Bauhaus en Allemagne où il enseignait. Bien que dérouté par la vision théorique de la peinture de Kandinsky, Serge Poliakoff se sentit attiré par l’art non-figuratif.

L’année suivante, Poliakoff exposa au Salon des Indépendants. Il rencontra alors les peintres abstraits Sonia et Robert Delaunay. Se liant rapidement avec ces derniers, Poliakoff se rendit chaque semaine chez le couple d’artistes où ils débattirent de l’art abstrait.

En 1945 eut lieu sa première exposition de tableaux abstraits à la Galerie de l’Esquisse. Ses œuvres furent remarquées par la critique (Composition abstraite, 1938, gouache sur papier).

1946-1950 : l’avant-garde de la peinture abstraite

Sur l’instance de l’artiste néerlandais César Domela (1900-1992), Serge Poliakoff participa à deux expositions en 1946 organisées dans la Salle du Centre de Recherches, rue Cujas, qui regroupèrent à l’époque l’avant-garde de la peinture abstraite. Les œuvres de Poliakoff furent exposées à côté de celles de Kandinsky, Auguste Herbin (1882-1960), Hans Hartung (1904-1989) et Gérard Schneider (1896-1986) notamment.

Craignant à la même époque de tomber dans une peinture décorative, l’artiste rejeta les couleurs vives et décida d’assombrir sa palette.

En 1947, l’œuvre de Poliakoff fut récompensée par le Prix Kandinsky destiné à encourager un peintre abstrait.

1950-1969 : le temps des expositions

Les deux dernières décennies de l’artiste furent marquées par de nombreuses expositions. En effet, les œuvres de Serge Poliakoff furent régulièrement exposées aussi bien en France qu’à l’étranger (Angleterre, Japon, Belgique, États-Unis).

En 1952, Poliakoff fut conforté dans ses recherches picturales lorsqu’il découvrit le Carré blanc sur fond blanc (1918) du peintre suprématiste russe Kasimir Malevitch (1879-1935) lors d’une exposition au Musée d’Art Moderne de Paris.

Dans les années 1960, Poliakoff reçut de nombreux prix venant couronner son œuvre avant de s’éteindre en 1969.

L’apport de Serge Poliakoff à l’histoire de l’art

Serge Poliakoff embrassa pleinement l’art abstrait à partir de 1946. La principale particularité de sa peinture réside dans l’absence d’une réelle évolution, tout en se renouvelant sans cesse.

En effet, ses toiles forment une continuité formelle et expressive au dialogue permanent. Les compositions de Poliakoff illustrent des formes s’imbriquant les unes dans les autres, la rigueur est telle qu’aucune d’entre elles ne pourrait se détacher de l’ensemble.

Éloignées de toute connotation géométrique ou symboliste, les toiles de Poliakoff n’ont ni profondeur ni perspective. Leur espace est propre et fait la forme.

Œuvres de Serge Poliakoff

Les musées qui exposent Serge Poliakoff

Les œuvres de Serge Poliakoff sont principalement exposées à Paris au Centre Pompidou et au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. L’artiste est également représenté en région au Palais des Beaux-Arts de Lille, au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, au Musée de Grenoble ou au Musée Fabre de Montpellier.

À l’instar des artistes abstraits de son époque les œuvres de Serge Poliakoff sont également présentes sur les cimaises des musées étrangers dont notamment le Museum of Modern Art de New York.

Les principales expositions de l’artiste

  • Serge Poliakoff, le rêve et les formes, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 2013
  • Les Sujets de l’abstraction. Peinture non-figurative de la Seconde École de Paris [1946-1962], Musée Fabre, Montpellier, 2011
  • Serge Poliakoff , Musée de Pont-Aven, 2010
  • L’envolée lyrique, Paris 1945-1956 , Musée du Luxembourg, Paris, 2006
  • Serge Poliakoff , Centre Pompidou, Paris, 1970

Les principaux ouvrages sur Serge Poliakoff

  • POLIAKOFF Alexis, Serge Poliakoff, Catalogue raisonné, vol. III, 1959-1962, Paris, Galerie française, 2011
  • POLIAKOFF Alexis, Serge Poliakoff, Catalogue raisonné, vol. II, 1955-1958, Paris, Galerie française, 2010
  • POLIAKOFF Alexis, Serge Poliakoff, Catalogue raisonné, vol. I, 1922-1954, Paris/Moudon,  Acatos Publishing, 2005
  • BRUTSCH Françoise, Serge Poliakoff, œuvres 1923-1959, Lausanne, Ides et Calendes, 1993
  • RAGON Michel, Serge Poliakoff, Paris,  Le Musée de Poche, 1956

Expertise et Estimation des œuvres de Serge Poliakoff

Certaines œuvres de Serge Poliakoff sont très demandées sur le marché de l’art et peuvent se vendre à des prix importants. N’hésitez pas à contacter nos experts dans le cadre d’une expertise ou à consulter notre page dédiée à la cote des œuvres de Serge Poliakoff afin d’établir une estimation de votre pièce.