SANYU

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1901-1966

Peintre Franco-chinois

Né dans la province chinoise de Sichuan en 1901, Sanyu est issu d’un milieu aisé possédant parmi les plus grandes fabriques de soierie de la région. Son intérêt pour l’art se révèle dès son plus jeune âge et est largement encouragé par sa famille. Ainsi, il bénéficiera de la richesse familiale mais aussi du soutien de son père, alors peintre animalier, qui lui transmettra les rudiments de son art. Comme l’a sous-entendu Matisse, pour s’approprier un objet, l’artiste doit d’abord dessiner pour cultiver l’esprit et c’est seulement après quelques années de préparation que le jeune artiste pourra toucher à la couleur. C’est à peu près dans cette optique que Sanyu s’est engagé. En qualité d’expert d’oeuvre d’art, Barnie’s peut porter un oeil sur sur les démarches et sur les oeuvres de Sanyu.

Une éducation choyée

Grâce à l’approbation de son entourage et à l’appui financier de son frère, reconnaissant son intérêt et son talent artistique, Sanyu va bénéficier très tôt de l’école à la maison. Cette éducation s’effectuera au travers de cours de calligraphie avec Zhao Xi et de cours de dessin avec son père. C’est ensuite qu’il rejoindra les bancs de l’université de Shangaï puis qu’il partira parfaire son éducation au Japon en 1919.

Des voyages formateurs

Ses années de formations se poursuivent à l’échelle internationale, tout d’abord au Japon, puis à Berlin et l’année suivante à Paris. Cet artiste peintre cherche avant tout à parfaire et à enrichir ses techniques. Lorsqu’il décide de s’installer à Paris, il amorce ses propres recherches. Paris est pour lui un lieu enrichissant et stimulant où il y découvre entres autres le nu sur modèle vivant à l’École de la Grande Chaumière ; des découvertes qui lui vaudront la reconnaissance de son talent.

Une émancipation des codes picturaux traditionalistes

Au delà de sa pluridisciplinarité, ce peintre chinois arrive à se libérer du carcan traditionaliste de l’art asiatique. Il porte cet art au seuil de la modernité et l’affranchi de tous soucis matériels. Préférant des environnements d’apprentissages moins traditionnels, il va croquer les portraits des gens qui l’entourent, il va réaliser un ensemble d’aquarelles dont Femme au carnet de dessin, peindre des natures mortes à l’huile tel que Deux gros hortensias roses dans un vase blanc en 1931. Cependant sa préoccupation majeure  réside dans l’étude du nu, un art dans lequel il va exceller notamment à partir de 1929.

Une technique singulière

Les périodes des années 30 et 40 sont les plus fécondes pour l’artiste. Empreint d’un certain émerveillement, le peintre réalise des œuvres aux tonalités paisibles et harmonieuses, des représentations figuratives teintées, au fil des ans, d’un certain modernisme. Il va peindre des nus sur des aplats de couleur, sans trop de soucis de profondeur mais grâce à un fond lisse et laiteux sur lequel il fera glisser, avec une grande finesse, son pinceau. Son art évolue peu à peu révélant son brio, l’influence du milieu parisien mais surtout toute la puissance des lignes de son pinceau.

Expertise et estimation des œuvres de Sanyu

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Sanyu est célèbre notamment pour sa représentation des nus. En étudiant toutes les facettes du corps nu, il parvient à inviter le spectateur, non seulement dans l’intimité représenté, mais aussi dans sa propre intimité. On en voit un parfait exemple dans sa toile « Nu Debout » où la disproportion du corps est présente pour exprimer tout son amour pour les femmes de grande taille. La réalisation de ces œuvres lui ont permis d’aiguiser son œil d’artiste et, par la suite, de proposer de réelles merveilles. La peinture « Chrysanthèmes dans un vase en verre, 1950 » est le témoin de sa maturité artistique.

Œuvres réalisées par Sanyu

Peinture

Sanyu, près d’un siècle d’exposition

 Expositions 

  • 1925, 1928, 1946, exposition au Salon d’automne, Paris, France
  • 1930, 1932, 1936, 1947, exposition au Salon des Tuileries, Paris, France
  • 1932, 1936, 1938, 1956 exposition au Salon des Indépendants, Paris, France
  • 1933, exposition au Musée National des Écoles Étrangères et Contemporaines, Paris, France
  • 1934, exposition à la Kunstzaal Van Lier, Amsterdam, Pays-Bas
  • 1964, exposition au Musée National d’histoire, Taïwan
  • 1992, exposition au Dimensions Art Center, Taipei, Taïwan
  • 1995, 2001 exposition au Musée National d’histoire, Taipei, Taïwan

Rétrospectives 

  • 2004, rétrospective « Sanyu, l’écriture du corps », Musée Guimet, Paris, France

Musées 

  • Musée des arts asiatiques Guimet, Paris, France
  • Musée National d’histoire, Taipei, Taïwan
  • Centre d’Art et de culture de Tamsui, Taipei, Taïwan

Fondations 

  • Yageo Foundation

Les principaux livres sur Sanyu

  • DESROCHES Jean-Paul, Sanyu : l’écriture du corps, éd. Skira, 2004, 211 p.
  • RIEDEL Jean-Claude, Sanyu, 1992, 48 p.
  • WONG Rita, Sanyu : Catalogue Raisonne Oil Paintings, tome 1, éd. Yageo Foundation, Lin & Ken Art Publications 2001, 384 p.
  • WONG Rita, Sanyu : Catalogue Raisonne Oil Paintings, tome 2, éd. The Li Ching Cultural and Educational Foundation, 2011, 207 p.

Biographie complète : Sanyu, la création artistique à l’épreuve de la vie

En 2017, une peinture intitulée « Pot de fleurs » réalisée par le célèbre peintre franco-chinois Sanyu, s’est vendue au prix de 8,7 millions d’euros, établissant un record pour l’artiste décédé onze ans auparavant. Qui l’eut cru ? Surtout pas Sanyu lui-même, ignoré de la communauté artistique tout au long de sa vie. Retour sur le parcours d’un artiste de la scène parisienne de la fin des années 1920, à la renommée en devenir.

Les soutiens indéfectibles de Sanyu au service de sa créativité

Sanyu, de son vrai nom Chang Yu, est né à Nanchong en Chine le 14 octobre 1901. Issu d’une famille de la haute société, attachée à la tradition des lettrés chinois (les intellectuels), Chang Yu est le sixième enfant d’une famille qui en comptait douze.

L’aîné de la fratrie, Chang Shufang a beaucoup soutenu financièrement sa famille et le talent de son petit frère, après avoir fait fortune dans la soie et le coton. Grâce à la réussite professionnelle de son frère aîné, Sanyu eut des précepteurs privés dans le confort de son domicile, et pu, plus tard, s’adonner à toutes les expériences artistiques qu’il souhaitait, voyageant dans le monde entier.

Très jeune, Sanyu se découvrit un talent pour la calligraphie traditionnelle chinoise et la peinture qu’il étudie auprès de son père, qui avait une certaine réputation pour la réalisation de peintures animalières.

Parti au Japon en 1919, puis à Shanghai, Sanyu étudie à l’université, et saisit l’opportunité de partir en voyage d’études en France, grâce à une politique d’expansion scolaire internationale, initiée par le gouvernement de Chine et le président de l’université de Pékin.

Toujours soutenu financièrement par son frère ainé, Sanyu étudie l’art à l’Académie de la Grande Chaumière, contrairement à ses pairs venus de Chine qui préféreront étudier dans des écoles officielles comme l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts ou l’Académie Julian.

Là, il s’adonne à son art. Sa première peinture connue date de 1921 et s’intitule sobrement « Pivoines ». La nature a longtemps inspiré l’artiste qui aime représenter les chevaux. Puis, la nature morte laissera place à l’étude du nu, son sujet de prédilection.

Proche d’autres artistes et écrivains de la communauté chinoise en Europe, comme Xu Beihong ou encore Sha Xunmei, Sanyu est l’un des cofondateurs de la Société du « Chien céleste », réplique humoristique de la société du « Cheval céleste » créée en 1919 par des artistes de Shanghai. Sa société avait pour objectif de transformer la sensibilité artistique chinoise traditionnelle en un art nouveau. Cependant, la vision paradoxalement trop académique du groupe déplut à Sanyu, qui resta loin des préceptes du groupe, mais proche de ses amis.

Les années 1920 représentent l’année des festivités pour l’artiste qui profite de la vie, joue au violon et au tennis et se rend à de somptueuses fêtes de campagnes. Le dandysme de Sanyu a été combiné avec un dédain pour le mercantilisme de l’art qui était caractéristique des lettrés chinois traditionnels.

En 1928, il épouse Marcelle Charlotte Guyot de la Hardrouyère, l’amour de sa vie, rencontrée sur les bancs de la Grande Chaumière trois ans plus tôt. Ils vivent ensemble rue du Sommerard à Paris, avant d’emménager à Malakoff. Mais les soupçons d’infidélité de Sanyu poussèrent Marcelle à demander le divorce qui fut prononcé en 1931. Elle se remaria en 1940, contrairement à Sanyu qui ne se remaria jamais.

Sanyu, un homme à part sur la scène artistique française

L’artiste refusait de vendre ses peintures ou de travailler avec des marchands, il préférait les donner gracieusement. La méfiance de l’artiste envers les marchands allait à l’encontre du mode de fonctionnement de l’art en France, puisque les artistes ont souvent collaboré avec les marchands, que ce soit les impressionnistes avec Paul Durand-Ruel ou encore les cubistes avec Daniel-Henri Kanhweiller.

Cependant, la mort de son frère en 1931 poussa l’artiste à s’engager dans des efforts artistiques plus sérieux afin de subvenir à ses besoins. Il s’associa avec des collectionneurs, mécènes et néanmoins amis comme Henri-Pierre Roché, écrivain de profession, ainsi que le compositeur néerlandais Johan Franco.

En 1931, Henri-Pierre Roché lui avait acheté cent onze tableaux et six cents dessins au total. Mais les problèmes d’argent rendirent Sanyu méfiant envers le marchand et la collaboration prit fin l’année suivante.

Johan Franco, passionné d’art et admirateur de celui de Sanyu, mit tout en œuvre pour faire décoller la carrière du peintre en le soutenant financièrement et en montant plusieurs expositions, notamment à Amsterdam. Le peintre y expose principalement des peintures représentant des animaux, surtout des chevaux, le nu n’est encore qu’une part mineure de son œuvre.

Cependant ces expositions font vite l’objet de critiques. Les tableaux de Sanyu sont qualifiés par plusieurs critiques de « décoratifs et plats ». Sanyu est obligé de subvenir à ses besoins par d’autres moyens. Il travaille alors dans un restaurant chinois et tente de développer un sport inventé par ses soins : le ping-tennis.

Pendant la guerre, les fournitures pour la peinture devinrent inabordables et l’artiste se tourne alors vers la sculpture de plâtre, qu’il présente notamment lors du Salon des Indépendants.

Du désintérêt du public au désintéressement artistique

En 1948, il se rendit à New York, où il partageait un atelier avec Robert Franck, un célèbre photographe, qui devint un ami proche. Ce dernier se souvient que l’artiste n’aimait pas parler d’Art et qu’il finit même par s’en désintéresser, tout soucieux qu’il était de faire fructifier son activité de ping-tennis, malheureusement voué à l’échec.

Après deux années passées à New York et aucun tableau produit, ni même vendu parmi ceux rapportés de Paris, Sanyu quitte les États-Unis pour revenir en France. Durant les années qui suivirent, Sanyu assurait sa subsistance en réalisant des travaux de menuiserie et en peignant des meubles, la vente de ses tableaux ne lui assurant qu’un maigre revenu.

Jugeant sa personnalité excentrique, et sa pauvreté embarrassante, les peintres de la communauté chinoises s’éloignèrent peu à peu de l’artiste. Sanyu fréquente alors un nouveau cercle d’artistes comprenant notamment le célèbre peintre Jacques Monory.

En 1963, Sanyu est invité à Taipei pour un séminaire sur l’art, aux côtés notamment de Zao Wou-Ki et de Chu Teh-Chun, où sont évaluées les peintures des nouveaux artistes de la scène chinoise contemporaine.

Sanyu est mort en août 1966 dans son studio du 28 rue de la Sablière, probablement asphyxié par le gaz de son fourneau mal éteint.

L’art de Sanyu, très et sûrement trop moderne pour l’époque, ne lui a que peu rendu hommage de son vivant. Les évolutions du goût en matière artistique, connaissent un regain d’intérêt pour la ligne très épurée de l’artiste, qui est aujourd’hui l’une des figures marquantes du marché de l’art en France.