Artiste français d’origine allemande, Hans Bellmer s’illustra aussi bien en peinture qu’en photographie, gravure ou sculpture. Il est aujourd’hui reconnu comme l’une des figures majeures du surréalisme.
Une enfance tyrannique
Hans Bellmer est né à Katowice en Silésie (actuelle Pologne) alors sous domination allemande. Le jeune garçon grandit dans une famille dominée par un père tyrannique. Très jeune, Bellmer travailla dans une aciérie puis dans une mine de charbon.
En 1923, son père l’envoya étudier le génie au sein de la Technische Hoschule de Berlin. Mais Hans Bellmer s’intéressa surtout à la politique, aux œuvres de Karl Marx et Lénine ainsi qu’aux discussions des artistes dadaïstes.
Proche du peintre et caricaturiste George Grosz, Hans Bellmer suivit ses conseils et abandonna ses études afin de commencer une formation de typographe où il conçut des couvertures et illustrations pour livres.
1925-1938 : les années allemandes, la création de La Poupée
Hans Bellmer effectua un premier séjour à Paris en 1925. Il découvrit à cette occasion les œuvres de Jules Pascin (1885-1930) et Georges Seurat (1859-1891). Bellmer fréquenta également les milieux dadaïste et surréaliste de l’époque.
De retour à Berlin, l’artiste s’intéressa aux artistes de la Renaissance allemande (Albrecht Altdorfer, Hans Baldung, Matthias Grünewald).
Suite à l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933, Hans Bellmer prit la décision de renoncer à tout travail qui pourrait être utile à l’État. Il réalisa son œuvre probablement la plus connue l’année suivante. La Poupée (1934), sculpture représentant une poupée grandeur nature inspirée des poupées mobiles de Dürer, fut qualifiée d’art « dégénéré » par le régime nazi. Cette œuvre fut conçue pour répondre à son besoin d’échapper à la réalité et de susciter du désir. Bellmer réalisa par la suite des séries de photographies où La Poupée fut mise en scène dans des situations érotiques, sadomasochistes, dramatiques.
Se sentant isolé, Hans Bellmer chercha le soutien des surréalistes. Il envoya des photographies de sa Poupée à André Breton (18 961 966) et Paul Éluard (1895-1952). Ces photographies furent publiées dans la revue surréaliste Le Minotaure en 1934 et suscitèrent un véritable émoi au sein du milieu artistique.
1938-1945 : la fuite du régime nazi
Fuyant le régime nazi, Hans Bellmer se réfugia en France en 1938. Il fut arrêté rapidement en tant que ressortissant allemand et par conséquent suspecté par les autorités françaises. Bellmer fut emprisonné près d’Aix-en-Provence aux côtés de Max Ernst (1891-1976), Ferdinand Springer (1907-1998) et Wols (1913-1951).
Bellmer parvint à s’échapper du camp dans lequel il était interné et rejoignit le Sud de la France en 1939. Sa première exposition personnelle eut lieu en 1943.
1945-1975 : l’illustration de textes érotiques
Après la Seconde Guerre mondiale, Hans Bellmer se consacra au dessin et à l’estampe. Il illustra les textes érotiques de nombreux écrivains (Marquis de Sadde, Heinrich von Kleist, Charles Baudelaire, Georges Bataille, Unica Zürn).
Dans son livre L’Anatomie de l’image (1957), Hans Bellmer expliqua les processus mentaux qui ont déterminé son travail.
Si de son vivant son œuvre fut sévèrement condamnée comme étant misogyne, le travail de Hans Bellmer fut également soutenu par la critique.
L’apport de Hans Bellmer à l’histoire de l’art
L’œuvre de Hans Bellmer est rattachable au mouvement surréaliste. Ce mouvement initié par André Breton en 1924 se définit comme la « représentation intérieure de l’image présente à l’esprit ». Ainsi les artistes s’apparentant à ce mouvement pratiquèrent l’écriture, le dessin automatique, le cadavre exquis, le collage et autres objets et sculptures à fonctionnement symbolique.
Hans Bellmer se distingua, au sein du groupe des surréalistes, par la création d’une œuvre érotique. Ses dessins et gravures expriment ses fantasmes à travers des corps et des sexes qui se métamorphosent. La Poupée, objet surréaliste par excellence, permit à Bellmer d’explorer les possibilités de l’anatomie du désir. Il apporta régulièrement des modifications à cet objet afin d’aller au-delà de la simple représentation naturaliste. Les photographies réalisées par Bellmer qui mirent en scène La Poupée dans diverses situations de souffrance révèlent l’influence des scènes de martyr illustrées par la Renaissance ainsi que du cinéma expressionniste allemand.
Hans Bellmer réalisa de nombreuses photographies de ses œuvres dans la mouvance de la « photographie plastique » survenue durant l’entre-deux-guerres. La photographie, art à part entier, doit susciter l’émotion. Les dadaïstes mirent au point des photomontages tandis que les surréalistes s’en servirent afin de proposer une conception radicalement nouvelle de la réalité. Les photographies de La Poupée de Hans Bellmer se veulent érotiques, dérangeantes, percutantes.
Les musées qui exposent Hans Bellmer
Les œuvres de Hans Bellmer sont exposées en France pour l’essentiel au Centre Pompidou à Paris. Les œuvres de l’artiste font également partie des collections publiques étrangères, notamment en Allemagne et aux États-Unis.
Les principales expositions de l’artiste
- Double Sexus : Bellmer-Bourgeois, Neue Nationalgalerie, Berlin, 2010
- Hans Bellmer, Anatomie du désir, Centre Pompidou, Paris, 2006
- Masculin-Féminin, le sexe de l’art, Centre Pompidou, Paris, 1995
Les principaux ouvrages sur Hans Bellmer
- ÉLUARD Paul, Les jeux de la poupée, éd. Dilecta, 2015
- BEAUMELLE Agnès de la, Hans Bellmer, Anatomie du désir, éd. Gallimard, 2006
- DOURTHE Pierre, Bellmer : le principe de la perversion, éd. Jean-Pierre Faur, 2000
- FLAHUTEZ Fabrice, Les estampes 1938-1975, éd. Nouvelles Éditions Doubleff, 1999
Expertise et Estimation des œuvres de Hans Bellmer
Certaines œuvres de Hans Bellmer sont très demandées sur le marché de l’art et peuvent se vendre à des prix importants. N’hésitez pas à contacter nos experts dans le cadre d’une expertise ou à consulter notre page dédiée à la cote des œuvres de Hans Bellmer afin d’établir une estimation de votre pièce.