Georges JOUVE

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1910 – 1964

Céramiste français

Photo : © L.Iselin

Georges Jouve est un céramiste français du XXème siècle à la personnalité solaire. C’était un homme d’une grande inventivité, audacieux, drôle et spirituel. Ses œuvres reflètent aisément son élégance et sa simplicité.

Une formation en sculpture et en architecture

Georges Jouve débute à l’école Boulle entre 1927 et 1930. Il y étudie la sculpture et découvre les techniques du métier. Il affirme sa personnalité en suivant ou en rejetant les méthodes enseignées. C’est dans cette école que le surnom d’Apollon lui sera donné.

Il poursuit sa formation à l’Académie Julian où il suit des cours de peinture qui lui apportent une certaine aisance dans la réalisation de ses croquis.

Puis, vient l’époque de la Grande Chaumière où il envisage une carrière d’architecte d’intérieur. Il y rencontre Rémy Hétreau, Jean-Denis Malclès, François Ganeau et développe son don pour la création avec liberté et humour.

Il se marie le 2 Juillet 1936  avec Jacqueline (née Claude, Denise Degrange), rencontrée à Marlotte, chez leurs amis Mouveau, un an auparavant. Ils emménagent rue Poultier, juste à côté du clocher de l’église Saint-Louis en l’Isle. En 1937 naît leur première fille, Catherine.

Les débuts de la céramique 

En 1941, pendant l’occupation, la famille Jouve se réfugie à Nyons, dans la Drôme, où les grands-parents de Jacqueline ont une maison. Ils choisissent néanmoins de garder leur liberté et d’avoir leur propre logis.

Nyons est un lieu connu pour sa production de santons, proche de Dieulefit, ville de tradition de poterie depuis l’époque gallo-romaine. 

Jouve s’essaie à la céramique, d’abord pour gagner sa vie. Il se passionne très vite pour cet art. Il va chercher de la terre de Dieulefit, l’émaille avec de l’alquifoux (sulfure de plomb naturel), comme le veut la tradition provençale, puis la modèle dans son atelier de Nyons. Les couleurs sont limitées au vert, au jaune et à l’aubergine. Il retourne ensuite faire cuire ses pièces à l’atelier Courtier, à Dieulefit. Tout cela à bicyclette, ce qui occasionne beaucoup de casse dans les objets qu’il a créés. 

En 1943, il s’installe avec sa famille, agrandie de deux petits garçons, Félicien et Antoine, à Dieulefit grâce à l’aide de Courtier. Dieulefit est un lieu qui abrite beaucoup de réfugiés. Avant de trouver leur propre foyer, ils logent dans la maison de famille de Marguerite Soubeyran avec des personnalités tels qu’Henri-Pierre Roché, Etienne Martin et Emmanuel Mounier. Il commence par faire des essais avec un modeste four à bois et modèle environ 160 pièces. Ce sont des œuvres à la ligne épurée, inspirées du nature, souvent religieuses : vierges, bénitiers, retables, personnages et animaux, vases, bouteilles et miroirs.

Puis il va s’atteler vers des travaux plus importants tel que son autel religieux en alquifoux.

Désormais, il cuit ses poteries au four électrique aux environs de 1000 degrés.

Jouve préfère le modelage au tournage pour l’exécution de ses pièces, pouvant ainsi garder un certain contrôle sur leur fabrication. Il aime les formes pures et il est soucieux de leur harmonie. Il puise son inspiration dans la nature, laisse son imagination et sa fantaisie le guider.

L’ère féconde de la poterie à Dieulefit touche à sa fin en 1944. Jouve construit maintenant avec de la glaise. Il commande de la terre et observe qu’il est aisé de la façonner comme un matériau “sans avoir jamais à la maltraiter car la terre est douce et lisse, on a des devoirs envers elle”. 

Il crée aussi des céramiques ornementales et aime susciter les objets qui s’intègrent dans une architecture (cheminées, fontaines, cadrans solaires).

Il vend ses créations sur place ainsi qu’à la galerie l’Arcade à Paris. En 1944, il envoie des pièces au Salon de l’imagerie qui a lieu au Pavillon de Marsan. Il est remarqué par Jacques Adnet, architecte, designer.

Jouve et le design

Une fois les Allemands en retrait, la famille Jouve rentre à Paris en septembre 1944 accompagnée de Clara et Florence Malraux.

Là, la famille investit dans un four Druel et Jouve abandonne l’alquifoux pour des émaux plus riches et plus sobres : blancs denses ornés parfois de quelques décors polychromes, couvertes laiteuses, noirs au cuivre à peine satiné proche de l’ardoise, des émaux aux décors gras et colorés à l’exception du rouge qu’il ne pouvait pas réaliser.

Ils s’installent une fois la guerre terminée dans une maison avec un petit atelier au fond du jardin, rue de la Tombe Issoire, dans le 14ème arrondissement. En 1948, naît leur fille Mirabelle.

Chez les Jouve, on reçoit beaucoup d’amis à dîner. Jacqueline est célèbre pour sa cuisine, l’ambiance est très chaleureuse. Jean-Denis Malclès et les anciens de l’école Boulle y viennent souvent. Ils fréquentent aussi la Rhumerie, boulevard Saint Germain et la Closerie des Lilas. Le couple croise régulièrement Alexandre Noll et Arbus.

Jouve s’exerce à des expériences sur les formes. Il est très attaché à l’équilibre entre les vides et les pleins afin de mettre en valeur sa pièce.

C’est l’époque des fameux cendriers « pattes d’ours », coupes « bananes », appliques murales, vases, pichets, lampes.

Il effectue des recherches sur des effets de matières (lisse, craquelé) et de couleurs, notamment le noir évoquant le bucchero nero  des poteries étrusques du XIIème au Vème siècle avant J.-C. (poteries en terracotta fines et légères).

Il expose en 1949 au Salon des artistes décorateurs. La galerie La Demeure le représente à Paris et son nom est désormais connu à l’étranger grâce à de nombreuses expositions.

Le grès de Puisaye 

En 1953 La famille Jouve s’installe chez leurs amis Norbert et Jeanne Pierlot qui ont acquis 2 ans plus tôt le château de Ratilly, dans l’Yonne. Ils travaillent ensemble dans leur atelier de céramique et créent des pièces en grès de Puisaye. Le grès présente de nombreux avantages : il cuit sans se dissocier, se transforme, se réduit et se resserre.

La recherche de l’épure

La famille rentre pour une courte durée à Paris avant de s’installer à Aix en Provence, au Pigonnet. Là encore, ils forment un petit groupe d’amis, toujours liés aux métiers de la décoration.

Ses préférences vont aux objets moins usuels, voire parfaitement inutiles, à partir desquels il s’est mis à inventer des formes plastiques indépendantes, abstraites, tout en restant éloigné de toute abstraction théorique. Son sentiment de la forme, il le trouve à chaque fois dans son inépuisable productivité, dans l’œuvre même de ses mains.

En 1956, Jouve séjourne à Ratilly chez les Pierlot où il participe à la grande exposition Tapisseries et Céramiques organisée le 2 juin au château.

Jouve s’oriente vers des formes plus importantes et collabore avec de nombreux architectes. Les objets s’épurent : sphères, cônes, cylindres, vases, bouteilles et coupes.

Il expérimente le Surcuit à 1150 degrés. La technique consiste à changer l’aspect de l’émail en surcuisant la pièce. La couleur et la forme se modifient. Jouve cherche à rendre ses créations plus vivantes, moins géométriques.

En 1959, il participe au Salon des artistes décorateurs, représenté par la galerie la Demeure.

La famille déménage à Aix en Provence, aux Marronniers, en 1963 au moment de la maladie de Georges Jouve. Il est atteint de saturnisme à la suite d’une pulvérisation d’émaux à base de plomb qui eut lieu dans son atelier du 14ème. Il s’éteint en 1964 des suites de sa maladie.

Œuvres de Georges Jouve

Sources

De BEYRIE Catherine et Stéphane, Georges Jouve, A la lumière d’Apollon, Collection Catherine et Stéphane de Beyrie, 2021

JOUSSE Patricia et Philippe, Georges Jouve, Jousse entreprise, 2005

FARE Michel, Georges Jouve, Arts et Industrie, 1965

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