Jean LAMBERT-RUCKI

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(1888-1967)

Peintre et sculpteur franco-polonais

Photo : © Marcin Koniak

Arrivé en France en 1911, le peintre et sculpteur polonais Jean Lambert-Rucki fait partie de ces artistes à la touche reconnaissable qui traversèrent le XXe siècle. Lambert-Rucki est principalement connu pour ses sculptures du Christ en croix au faciès de type africain.

Une enfance en Pologne

Jean Lambert-Rucki est né à Cracovie en Pologne en 1888. Suite au décès de son père survenu lorsqu’il avait onze ans, le jeune garçon aida sa famille en exécutant des portraits de bourgeois de Cracovie.

Lambert-Rucki intégra l’École des Beaux-Arts de sa ville où il côtoya Moïse Kisling (1891-1953) qu’il retrouvera par la suite à Paris. Le jeune homme s’imprégna de l’influence munichoise alors prédominante à Cracovie. 

La jeunesse de Lambert-Rucki fut ponctuée de séjours réguliers en Russie, par la fréquentation des Tziganes et l’apprentissage des danses russes. Tous ces éléments eurent une influence sur l’œuvre de l’artiste.

Enthousiasmé par le cubisme puis par une exposition des œuvres de Paul Gauguin (1848-1903) à Cracovie, Jean Lambert-Rucki s’installa à Paris en 1911. Il y fut aussi incité par son maître Josef Pankiewisz (1866-1940) qui y avait lui-même séjourné et rencontré les impressionnistes Pierre Bonnard (1867-1947) et Édouard Vuillard (1868-1940).

1911-1913 : l’École de Paris

À son arrivée à Paris, Jean Lambert-Rucki s’inscrivit à l’Académie Colarossi. À cette époque il fréquenta Montparnasse, le Dôme, la Rotonde. Ces lieux lui permirent de rencontrer de nombreux artistes issus de l’immigration — symbole de l’École de Paris — tel son compatriote Moïse Kisling, l’italien Amedeo Modigliani (1884-1920), les Russes Chiam Soutine (1893-1943) et Marc Chagall (1887-1985), le japonais Tsugouharu Foujita (1886-1968) ainsi que les écrivains Blaise Cendrars (1887-1961) et Max Jacob (1876-1944). 

À cette époque, Lambert-Rucki gagna sa vie en jouant la comédie à l’Odéon et en faisant de la retouche photographique. 

En 1913, l’artiste polonais s’installa dans un atelier situé dans le 14ème arrondissement. L’année suivante il s’engagea dans l’armée française au sein du Bataillon des Volontaires Étrangers. C’est également à ce moment qu’il francisa son nom.

1914-1918 : guerre et archéologie

Affecté au Service Archéologique de Salonique durant la durée du conflit, Jean Lambert-Rucki procéda à de nombreuses fouilles. Il participa à la création d’un Musée archéologique à Athènes et fit des copies de mosaïques de Sainte Sophie de Salonique pour le Musée du Louvre. Lambert-Rucki se lia avec les artistes hongrois Joseph Csaky (1888-1971) et Gustave Miklos (1888-1967). 

1918-1920 : le groupe de la Section d’Or 

De retour à Paris en 1918 après avoir été démobilisé, Jean Lambert-Rucki s’installa dans le quartier de Montparnasse. Il rejoignit alors le groupe de la Section d’Or formé en 1911 par des artistes avant-gardistes qui avaient pour ambition d’étendre l’esthétique cubiste et de systématiser la nouvelle vision établie par Georges Braque (1882-1963) et Pablo Picasso (1881-1973).  

Jean Lambert-Rucki exposa au Salon des Indépendants et au Salon des Artistes Décorateurs. Ses œuvres de jeunesse illustrent des étoiles, la lune, des iris, des lauriers, etc.

Les années 1920 : la collaboration avec Jean Dunand

Les années 1920 sont marquées par sa rencontre avec le dinandier Jean Dunand (1877-1942). Les deux artistes se lièrent d’amitié en 1923. S’ensuivit une collaboration de plus de vingt ans. Ensemble ils réalisèrent de nombreux objets décoratifs en laque de Chine : paravents, boîtes à cigarettes, bijoux, vases, etc. Jean Lambert-Rucki refusa d’apposer sa signature à côté de celle de Dunand au motif qu’il ne s’agissait pas de ses créations, mais de commandes.

À partir de 1925 et jusqu’à la fin de sa vie, Lambert-Rucki multiplia les expositions de ses œuvres tandis que les commandes affluèrent. Enfin il collabora avec le décorateur Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933) et Jean Dunand à l’occasion de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925.

Les années 1930 : pionnier de l’Art Sacré Moderne

À partir des années 1930, Jean Lambert-Rucki s’orienta vers l’Art Sacré. Concrètement, ses sculptures adoptèrent des lignes pures, exprimant son art avec un minimum de moyens.

En parallèle, l’artiste rejoignit l’Union des artistes modernes (UAM) en 1931 où il exposa aux côtés des architectes et designers Le Corbusier (1887-1965) et Robert Mallet-Stevens (1886-1945).

Lors de l’Exposition universelle de 1937, Lambert-Rucki exposa au Pavillon de la Lumière son Bonhomme Lambert exécuté à l’aide de balles de tennis, fil de fer, boîtes de conserve et ampoules électriques.

Les années 1940-1960 : le temps des commandes

Durant les deux dernières décennies de sa vie, Jean Lambert-Rucki exécuta de nombreuses commandes, pour l’Église notamment : sculptures et chemin de croix des chapiteaux et de la crypte de l’église Saint Thérèse de Boulogne-Billancourt en 1941, statues de Saint-Jacques et de Saint-Jean pour l’église de L’Aigle en 1946, décoration du pourtour du chœur de la Basilique de la Trinité à Blois en 1948, christs pour la Chapelle Notre-Dame de la Consolation de Costebelle en 1952, décoration pour la chapelle Juvénat des Frères Saint-Joseph en 1961, etc.

Jean Lambert-Rucki s’est éteint en 1967 des suites d’une longue maladie vasculaire.

L’apport de Jean Lambert-Rucki à l’histoire de l’art

À la fois peintre et sculpteur, Jean Lambert-Rucki est principalement connu pour ses représentations du Christ. Ses œuvres sont le résultat d’influences diverses : cubisme, Art brut, Art nègre ou encore Art byzantin.

L’artiste travailla la tôle, le fer forgé, soudé, battu et repoussé ainsi que le cuivre. Ces matériaux bruts furent mis au service de son expression artistique. Dans son œuvre les vides sont aussi importants que les pleins. 

Œuvres de Jean Lambert-Rucki

Les musées qui exposent Jean Lambert-Rucki

En France, les œuvres de Jean Lambert-Rucki sont notamment exposées au Musée d’Évreux ainsi que dans de nombreuses églises dont l’église Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus de Boulogne-Billancourt. 

Principal ouvrage sur Jean Lambert-Rucki

  • COLLECTIF, Jean Lambert-Rucki (1888-1967), éd. Galerie Jacques de Vos, 1988

Expertise et Estimation des œuvres de Jean Lambert-Rucki

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