Artiste majeure du XXème siècle, Sonia Delaunay joua un rôle primordial dans le renouvellement de l’art moderne. Avec son mari, Robert Delaunay (1885-1941), elle contribua notamment au développement de l’art abstrait sur la scène française. Mais Sonia Delaunay est en réalité une artiste difficile à qualifier tant elle expérimenta ses recherches plastiques dans de multiples domaines dès les années 1910.
Une enfance au sein de l’élite russe
Née en 1885 dans une famille juive en Ukraine, Sonia Delaunay — Sarah Stern de son nom de naissance — fut adoptée peu après par son oncle Henri Terk et grandit en Russie dans un milieu cultivé. La jeune fille reçut une éducation russe classique et développa une passion pour l’art européen.
Sur les conseils de son professeur de dessin du lycée de Saint-Pétersbourg, Sonia fut envoyée en Allemagne en 1903 afin de poursuivre ses études artistiques.
La jeune femme déménagea à Paris en 1905 et suivit les cours de l’Académie de la Palette à Montparnasse. Peu après elle découvrit le fauvisme qui l’enthousiasma.
1905-1910 : la découverte du fauvisme
Arrivée à Paris en 1905 à tout juste vingt ans, Sonia Stern suivit dans un premier temps des cours dispensés par des maîtres néo-classiques avant de s’en écarter. En effet, la jeune artiste préféra découvrir les œuvres de Paul Gauguin (1848-1903), Pierre Bonnard (1867-1947), Édouard Vuillard (1868-1940) ou encore André Derain (1880-1954).
Ainsi, les œuvres de jeunesse de Sonia furent marquées par la découverte du fauvisme, mouvement artistique privilégiant les qualités picturales et l’utilisation de couleurs fortes. L’artiste réalisa de nombreux portraits et nus illustrant ce mouvement (Jeune fille endormie, 1907, huile sur toile ; Nu jaune, 1908, huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Nantes). Sa première exposition personnelle fut organisée à la galerie Uhde en 1908.
1908 : la naissance du couple Sonia et Robert Delaunay
L’année 1908 est primordiale comme étant celle de la rencontre entre Sonia Stern et Robert Delaunay dans cette même galerie Uhde de la rue Notre-Dame-des-Champs. Cet homme colérique et égoïste la fascina, elle qui le considéra comme un poète s’exprimant avec des couleurs.
Le couple se maria en 1910 et vit, l’année suivante, la naissance de leur fils Charles. Sonia suivit son mari sur les chemins de l’abstraction. Les œuvres se déclinèrent en cycles où les couleurs pures devinrent des plans engendrant des formes construites par la profondeur des couleurs traduisant mouvement et lumière (Bal Bullier, 1913, huile sur toile, Centre Pompidou, Paris).
En 1912, Guillaume Apollinaire proposa dans ses « Méditations esthétiques » de qualifier ce mouvement d’avant-garde « d’orphisme ». Ce dernier regrouperait des œuvres selon trois caractéristiques : des éléments figuratifs entièrement créés par l’artiste, des œuvres pour autant construites et significatives ainsi qu’une maîtrise de la lumière créée par la couleur. L’écrivain cita cinq peintres orphiques, à savoir Robert Delaunay mais également Pablo Picasso (1881-1973), Fernand Léger (1881-1955), Francis Picabia (1879-1953) et Marcel Duchamp (1887-1968). Le terme « orphisme » fait référence au mythe d’Orphée. Cette nouvelle forme de peinture s’apparenterait, selon Apollinaire, à la musique. En effet, sans fonction représentative, la musique est un art parfaitement abstrait.
1913-1935 : livres, arts décoratifs et mode
Durant vingt ans Sonia Delaunay se détourna de la peinture afin de se consacrer aux livres, aux arts décoratifs et à la mode. En ce sens, en 1913 elle réalisa une reliure peinte pour « La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » du poète Blaise Cendrars (1887-1961).
Au début des années 1920, le couple Delaunay s’intéressa à transposer leurs découvertes picturales aux arts décoratifs. Leur goût du mouvement et des couleurs les menèrent à la réalisation de décors de ballets pour Robert et à la confection des costumes pour Sonia.
Mais c’est surtout à travers la création de robes que Sonia Delaunay parvint à appliquer le résultat de ses recherches en peinture. L’artiste ouvrit une boutique de décoration (« Casa Sonia ») avant de collaborer avec le couturier Jacques Heim (1899-1967) à la « Boutique simultanée » pour l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris en 1929.
1935-1937 : le retour à la peinture
Les années 1930, marquées par la crise économique américaine, sont également celles d’un retour à la peinture pour Sonia Delaunay. Cette dernière, ayant fermé son atelier, rejoignit aux côtés de son mari le groupe Abstraction-Création. Cette association de nombreux artistes européens eut pour but de promouvoir l’art non-figuratif à travers l’organisation d’expositions, de conférences, la publication de revues spécialisées, etc.
À l’occasion de l’Exposition internationale de 1937, Léon Blum confia au couple Delaunay la décoration du Palais des chemins de fer et du Palais de l’air. Sonia Delaunay exécuta des peintures monumentales de très grand format aujourd’hui disparues (Moteur d’avion, 1937, huile sur toile).
1941 : la mort de Robert Delaunay
Robert Delaunay disparut en 1941. Sonia se retira alors à Grasse jusqu’à la fin de la guerre aux côtés de Jean Arp et d’Alberto Magnelli. Dès lors, l’artiste n’eut qu’une seule ambition : réunir et compiler les travaux de Robert afin de promouvoir son œuvre qui n’aurait pas été appréciée à sa juste valeur de son vivant. Une première rétrospective sur Robert Delaunay eut lieu en 1946 à la galerie Louis Carré, suivie d’un hommage organisé à la galerie Maeght en 1949.
En parallèle, Sonia Delaunay continua de peindre et d’exposer ses œuvres. À cette époque l’artiste réalisa même une œuvre abondante.
L’apport de Sonia Delaunay à l’histoire de l’art
Le couple Sonia et Robert Delaunay participa grandement au renouvellement de l’art moderne. L’un et l’autre contribuèrent au développement de l’art abstrait, et notamment de l’orphisme. Leurs œuvres, parfois confondues, s’illustrent par leurs couleurs puissantes, le mouvement et la lumière.
En 1946, Sonia Delaunay co-fonda un salon dédié à l’abstraction : le Salon des Réalités Nouvelles. Ce salon — toujours d’actualité — a pour ambition de promouvoir les œuvres d’art dites concrètes, abstraites et non-figuratives.
Les musées qui exposent Sonia Delaunay
Les œuvres de Sonia Delaunay (peintures, affiches, objets, livres illustrés, vêtements, tapisseries) sont principalement exposées au Centre Pompidou, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, à la Bibliothèque Nationale de France ainsi qu’au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Les collections françaises ont été enrichies grâce notamment à plusieurs dons de Sonia Delaunay elle-même et de son fils Charles.
Les principales expositions de l’artiste
- 2015 : « The EY Exhibition : Sonia Delaunay », Tate Modern, Londres
- 2015 : « Robert et Sonia Delaunay : La tapisserie », Galerie Hadjer, Paris
- 2014 : « Sonia Delaunay, les couleurs de l’abstraction », Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
- 1980 : « Sonia Delaunay : A Retrospective », Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, Etats-Unis
- 1967 : Première grande rétrospective, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
- 1964 : Rétrospective, Musée du Louvre, Pavillon de Marsan
Les principaux ouvrages sur Sonia Delaunay
- CHAUVEAU Sophie, Sonia Delaunay : la magnifique, éd. Tallandier, 2019
- MONTFORT Anne et GODEFROY Cécile, Sonia Delaunay, Catalogue d’exposition, éd. Paris Musées, 2015
- GODEFROY Cécile, Sonia Delaunay, éd. Flammarion, 2014
- DAMASE Jacques, Sonia Delaunay, sa vie, son œuvre, éd. Hermann, 1995
- DESANTI Dominique, Sonia Delaunay, magique magicienne, éd. Ramsay, 1989
Expertise et Estimation des œuvres de Sonia Delaunay
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