Jean DUFY

thumb-blog

1888 – 1964

Peintre français

Photo © Magellan & Cie

Artiste aujourd’hui méconnu en raison de la notoriété de son frère ainé Raoul Dufy (1877-1953), Jean Dufy est pourtant l’auteur d’une œuvre abondante. Encouragé par son frère alors en proie aux influences fauve et cubiste, Jean Dufy se forma à son tour à la peinture.

Une famille d’artistes

Jean Dufy est né au Havre en 1888 au sein d’une famille nombreuse et modeste. Le deuxième enfant de la fratrie n’est autre que le peintre Raoul Dufy qui parvint à développer un style unique mêlant le dessin et la couleur, sans pour autant que ces éléments ne coïncident jamais totalement dans la composition. Leur père, musicien amateur talentueux, sut transmettre son goût pour l’art à plusieurs de ses fils.

À l’instar de Raoul, Jean dut travailler jeune et exerça dans une maison d’importation de produits d’outre-mer avant d’être secrétaire sur le transatlantique qui reliait Le Havre à New York.

1906-1914 : les années de formation

C’est au Havre que la sensibilité artistique de Jean Dufy se forma. La Normandie fut une terre riche en termes d’émulation artistique. En ce sens, Honfleur vit l’éclosion du peintre Eugène Boudin (1824-1898) annonçant l’impressionnisme à venir. L’effervescence du port du Havre ainsi que les lectures de Dufy (Baudelaire, Mallarmé, Rimbaud) participèrent également à la formation du jeune peintre.

Mais c’est surtout l’exposition des peintres fauves au Havre en 1906 qui marqua Jean Dufy. Il découvrit alors Henri Matisse (1869-1954), Albert Marquet (1875-1947) et Pablo Picasso (1881-1973). Dufy fut particulièrement enthousiasmé par l’œuvre la Fenêtre ouverte à Collioure (1905) de Matisse à la lumière éclatante et aux couleurs violentes et bruyantes.

1914-1920 : l’installation à Paris

Jean Dufy s’installa à Paris en 1914 après avoir effectué son service militaire de 1910 à 1912. Le jeune havrais fit alors la rencontre des peintres André Derain (1880-1954), Georges Braque (1882-1963), Pablo Picasso ainsi que de l’écrivain Guillaume Apollinaire (1880-1918).

Dufy exposa ses premières aquarelles en 1914 à la galerie Berthe Weil. Les tonalités sourdes — bruns, bleus, rouges sombres — côtoient la technique des hachures héritées de Paul Cézanne (1839-1906) qui fut par la suite reprise par son frère Raoul.

Mobilisé dès la première année de guerre, Jean Dufy n’abandonna pas pour autant ses recherches et continua à peindre et dessiner sur des carnets (fleurs, chevaux, paysages).

Si Raoul Dufy mit ses talents de dessinateur au profit d’une firme de soieries lyonnaise, Jean Dufy réalisa dès 1916, et ce durant plus de trente ans, des décors de nature florale et animale pour la porcelaine Théodore Haviland de Limoges. Son travail fut récompensé par une médaille d’or lors de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925.

Les années 1920 : une œuvre dévoilée

En 1920, Jean Dufy s’installa dans le quartier de Montmartre près de Georges Braque. Durant cette décennie l’artiste exposa ses œuvres à de nombreuses reprises : à Paris (Salon d’automne de 1920, 1923, 1924, 1927, 1932 ; Galerie Bing en 1929) et à New York (Balzac Galleries en 1930, Perls Galleries en 1938).

Ses dons de coloriste furent ainsi révélés au grand public à travers ses patchworks de carrés de couleur et ses répétitions audacieuses de la lumière (Nature morte à la tasse, 1921, huile sur toile).

À partir des années 1920, les thèmes issus de la musique et du cirque prirent une place croissante dans l’œuvre de l’artiste (Le Cirque, 1927, huile sur toile).

1937 : Raoul et Jean, la rupture

En 1937, Raoul Dufy fut chargé par le directeur général de la Compagnie Parisienne de Distribution de l’Électricité d’exécuter la décoration du pavillon de l’Électricité dans le cadre de l’Exposition internationale de 1937. Jean l’aida en concevant une vaste fresque à la gloire de l’électricité sur une surface de six cents mètres carrés (Raoul Dufy, La Fée Électricité, 1937, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris).

Cette œuvre fut reçue avec un grand enthousiasme de la part du public. Toutefois, Raoul Dufy ne mentionna pas la participation de son frère Jean, ce qui eut pour conséquence d’éloigner définitivement les deux frères.

1950-1960 : voyages et expositions

Jean Dufy consacra les dernières années de sa vie à des voyages en Europe (Italie, Grèce, Irlande, Angleterre, Autriche, Danemark, Suède, Pays-Bas, Espagne) ainsi qu’en Afrique du Sud. Mais c’est Paris qui eut de tout temps la préférence du peintre. Jean Dufy choisit la capitale comme sujet phare de ses aquarelles et de ses toiles.

Le peintre havrais fut régulièrement exposé de son vivant à Paris, mais également aux États-Unis à New York et Philadelphie.

L’apport de Jean Dufy à l’histoire de l’art

Jean Dufy adopta un style proche de celui de son frère Raoul. Dans ses compositions, le bleu — couleur du ciel et de la mer — est décliné dans tous les tons, avec des effets de transparence et associé à des couleurs vives, signe de joie de vivre.

Les formes illustrées dans les compositions de Jean sont davantage fondues que celles présentes dans les œuvres de Raoul. Jean était également plus sensible à la globalité de l’œuvre, à la scène représentée dans son ensemble tandis que son frère s’attardait sur la particularité, l’individualité.

Le cirque constitue un thème cher à Jean Dufy. Il exécuta des œuvres à la fois sensibles, nerveuses et incisives. Ses compositions représentant l’univers saltimbanque sont une célébration permanente de la joie de vivre.

Les musées qui exposent Jean Dufy

Les œuvres de Jean Dufy sont principalement exposées en France : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Centre Pompidou, Musée des Beaux-Arts de Caen, Historial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne.

Ses œuvres sont également exposées aux États-Unis (Art Institute de Chicago, Museum of Modern Art de New York, Detroit Institute of Arts) ainsi qu’en Autriche au Albertina Museum de Vienne.

Les principales expositions de l’artiste

  • 2015 : « Monet to Matisse – On the French Coast », Museum of Fine Arts, Saint-Pétersbourg
  • 2014 : « Jean Dufy, Paris » Galerie Jacques Bailly, Paris
  • 2011 : « Raoul et Jean Dufy — Complicité et Rupture », Musée Marmottan Monet, Paris
  • 2004 : « Au Cirque, le Peintre et le Saltimbanque », Musée de la Chartreuse, Douai

Les principaux ouvrages sur Jean Dufy

  • BAILLY Jacques et MICUCCI Marjorie, Jean Dufy, le Pays maritime, éd. Magellan & Cie, 2016
  • BAILLY Jacques, Jean Dufy, Paris aux cent couleurs, éd. Hazan, 2012
  • JACOB Pascal, Jean Dufy, le Cirque en Majesté, éd. Magellan & Cie, 2012
  • Raoul Dufy et Jean Dufy — Complicité et Rupture, Catalogue d’exposition, éd. Hazan, 2011
  • BAILLY Jacques, Catalogue raisonné de l’œuvre de Jean Dufy, Volume I & II, éd. Jacques Bailly, 2002

Expertise et Estimation des œuvres de Jean Dufy

Certaines œuvres de Jean Dufy sont très demandées sur le marché de l’art et peuvent se vendre à des prix importants. N’hésitez pas à contacter nos experts dans le cadre d’une expertise ou à consulter notre page dédiée à la cote des œuvres de Jean Dufy afin d’établir une estimation de votre pièce.