Qu’est-ce que l’Art déco ?

Publié le 27 avril 2018

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L’architecture est un art essentiellement géométrique… Une maison, un palais est composé d’un ensemble de cubes (Robert Mallet-Stevens)

L’Art Déco est un courant artistique qui voit le jour dans les années 1910 et qui connait son plein épanouissement au cours des années 20 pour à la fin décliner dans les années 30 et 40.

Le terme « Art déco » est l’abréviation de « Arts décoratifs ». Cette appellation artistique est en partie due à l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris, en 1925.

Ce mouvement touche le monde de l’architecture, plus précisément l’aménagement et la décoration de l’intérieur. Il renvoie à l’imaginaire du luxe. Dans un premier temps très populaire en France, il s’exporte aux Etats-Unis.

Parmi les figures incontournables du mouvement, on retrouve donc des artistes, architectes et designers majeurs, comme Cassandre, Sonia Delaunay, Donald Deskey, Tamara de Lempicka, Paul Poiret, ou William Van Alen.

Aux origines

Derrière la réputation d’une esthétique austère et fabrication en série, on trouve à l’origine un art décoratif moderne et national. Les expériences de l’ébénisterie allemande sont, à ce titre, pionnières du mouvement. Les surfaces en matériaux nobles sont impeccablement mises en forme. La nervure de l’Art nouveau est oubliée, au profit de l’idéal d’oeuvre d’art totale. La simplicité des lignes et des surfaces souligne la richesse et la variété des couleurs et des matériaux.

Dans le même temps, l’industrialisation des métiers d’art contribue à exclure la copie fidèle des styles anciens. À la croisée du néo-classicisme et du constructivisme, les formes géométriques et blanches dépouillées de tout ornement figuratif.

Si le mouvement repose, dans un premier temps, sur l’élitisme, il devient rapidement un succès populaire, au point de venir un art domestique et une architecture courante. Des paquebots au décor de gratte-ciel, les couronnements en gradins, la simplicité de la modénature se multiplient. Les statues sur piédestal et bas-reliefs reprennent à leur compte l’ordre antique.

Etude croisée

Les origines de l’art remontent aux années 1900-1910. Durant cette période un nouveau mouvement en réaction contre l’Art nouveau voit le jour en France et dans divers pays étrangers comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Belgique. On commence à s’orienter vers des lignes simples, des compositions classiques, en quelque sorte vers un retour à l’ordre et la sobriété. Fini les décorations encombrantes et exubérantes.

Cette évolution de goût et de concept est introduite à Bruxelles entre 1905 et 1911, même si on note déjà des signes de passage de l’Art nouveau à l’Art déco dans les travaux d’Henri Bellery-Desfontaines dès 1902-1904. Au fil des ans, l’Art déco s’impose peu à peu.

Les différences entre les formes d’Art nouveau et Art déco ont été résumées par André Vera dans son article paru dans la revue L’Art décoratif : l’Art déco rejette toutes formes d’Art nouveau, des formes asymétriques, polychromes pittoresques où les sentiments priment sur la raison. L’Art déco joue sur une matière unique et sur une symétrie manifeste : honneur à l’harmonie et au pragmatisme.

Caractéristiques principales

Comme pour tout autre mouvement artistique, l’Art déco possède également des caractéristiques qui lui sont propres le distinguant d’autres mouvements comme le mouvement moderne ou encore le style des années 30. Voici quelques-unes de ces principales caractéristiques :

  • Le refus des angles droits : cette caractéristique touche essentiellement les immeubles ;
  • Le Bow-window : ce sont des fenêtres qui ont pour rôle de couper la monotonie d’une façade en plus d’agrandir la surface intérieure;
  • L’utilisation de matériaux disparates : en Art déco on ne privilégie aucun matériau particulier. Dans la pratique, on se tourne souvent vers le béton armé ;
  • Pans coupés : ils représentent le style Art déco parce que permettent d’éviter les angles droits;
  • L’ornementation : contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Art déco est très attaché à l’ornementation, que ce soit pour la décoration intérieure ou extérieure. Il n’est donc pas étrange de voir des motifs fascinants sur les balcons ou encore les façades des immeubles Art déco;
  • L’élégance et le confort : les meubles Art déco se caractérisent par leurs lignes géométriques, leurs matériaux précieux, leur minimalisme et surtout leur raffinement. On voit bien tout cela dans les meubles créés par de grands artistes de l’Art déco comme Jean-Michel Franck, Jean Dunand, Eugène Printz ou encore Jacques-Emile Ruhlmann;
  • Les motifs spiraux et les motifs floraux : ces deux motifs sont très utilisés dans l’Art déco, surtout le motif spiral qui peut symboliser la fleur ou le fruit.

Architecture emblématique

L’« architecture blanche » de l’Art déco est rapidement reconnue comme partie prenante d’un style international, qui remet au goût du jour une monumentalité hiératique, soulignée par des colonnes cannelées sans base ni chapiteaux, et les esplanades à degrés

L’influence du classicisme se fait sentir. On en retient en effet l’illusion de grandeur et de stabilité, ainsi que le goût de l’apparat.  L’essence de l’architecture est structurelle.

Les tours en gradins donnent naissance au gratte-ciel new-yorkais Art déco, emblématique du mouvement, avec ses couronnements en pinacles flamboyants et ses volumes strictement quadrangulaires.

Le modèle de l’hôtel particulier redevient à la mode, notamment pour ses pièce de services, ses espaces ordonnancés et son équipement, qui contribue au confort général.

Parmi les matériaux les plus prisés, on retrouve le galuchat, le lapis, l’amazonite, l’ivoire, l’ébène de la corne rose, ou encore le quartz ; le raffinement aristocratique redevient la norme. Tandis que les façades sont plaquées en pierre blanche, les menuiseries sont en acier laqué noir.

L’architecture est la première stigmatisée par les critiques, visée par le quolibet « style paquebot », qui renvoie à la promotion des compagnies de voyage transatlantique.

Le tournant 1930

L’esthétique tardive du mouvement est plus épurée et plus moderniste, sous l’influence de l’épanouissement de l’art moderne.

Dans l’oeuvre de Tamara de Lempicka, les motifs reviennent ainsi racés : elle privilégie les formes anguleuses et les tons métalliques.

C’est la fin de l’engouement pour les vêtements arabes et orientaux, promus par les décors et les costumes exotiques des ballets russes de Serge Diaghilev. Fini aussi la vogue des motifs égyptiens et des tons métalliques chatoyants, initiée par découverte de la tombe de Toutankhamon, en 1922.

L’imagination est désormais captivée par la culture américaine du jazz (tant le chant que la danse), cristallisée par la figure de Joséphine Baker. À noter également l’influence de la sculpture africaine dite « primitive » : les formes sont simplifiées et la palette devient vive, particulièrement dans les arts graphiques.

Modernité (envers et contre tous)

La célébrité d’une personnalité comme Adolphe Jean-Marie Mouron dit Cassandre tient dans l’essor de la publicité, plus précisément les affiches raffinées pour les compagnies de transport. Celles-ci contribuent à entretenir les rêves de l’époque pour la vitesse, le voyage, et le luxe.

Mais, dans le même temps, l’art est omniprésent et populaire. Il investit le design en général, la bijouterie, les décors de film, les intérieurs domestiques, les salles cinéma, mais surtout les hôtels et les paquebots de luxe.

Le confort technologique de la vie quotidienne devient phénomène commercial. L’usage intégré de l’électricité contribue à transfigurer la vie nocturne (dont les maisons closes). Partout, on assiste à la célébration dieu Citroën.

L’association de l’Art Déco et la publicité connaît une conséquence plus étonnante, la promotion du style garçonne, à l’érotisme à peine voilé, comme dans l’oeuvre de Tamara de Lempicka.

Le goût pour une vie hédoniste, c’est-à-dire toute entière vouée au plaisir et au confort, conduit à un nouveau discours, qui réinvestit l’art du passé et s’efforce de le comprendre, sans en proscrire les fautes de goût.

L’exubérance et la fantaisie générales illustrent à la perfection l’esprit des « années folles ». Le mouvement Art Déco devient l’échappatoire par excellence à la crise économique des années 1930.

Pourtant, l’Art Déco est bien une synthèse des avant-gardes rangées.

La cote des artistes Art Déco

Sur le marché de l’art, les artistes les mieux cotés restent Jean-Michel Frank, Jean Dunand et Emile-Jacques Ruhlmann (dans la catégorie mobilier et objets, on enregistre parfois des ventes records à plusieurs centaines de milliers d’euros pour ces pièces de musées !)

À titre d’exemple, la moyenne des estimations d’une pièce de mobilier de Jean Dunand se situe entre 250 et 380 000 euros.

Les artistes Art déco plus accessibles sont Gerda Wegener, Stanislaw Szukalski, ou encore Jean Dupas : leurs oeuvres restent en moyenne dans une fourchette qui se situe bien en deçà des centaines de milliers d’euros.

SYNTHÈSE

Premier mouvement d’architecture et décoration au retentissement mondial, l’Art Déco reste associé à une période prospérité et d’insouciance. Entre luxe, confort moderne et technologie, ce mouvement se propose d’offrir un cadre de vie unifié et harmonieux, des pièces d’ébénisterie, tapisseries, peintures et sculptures ornementales aux céramiques et à l’orfèvrerie.

Pour avoir une idée de ce à quoi ressemble un intérieur Art déco, il suffit de pousser les portes du Musée des arts décoratifs, du Palais de la Porte Dorée, ou du Musée des années 1930.

Si vous pensez détenir une œuvre Art Déco, n’hésitez pas à la faire expertiser par Barnie’s.