Les principaux courants et mouvements artistiques

Le mouvement artistique est une notion théorique dans l’histoire de l’art, mais tout à fait primordiale. Elle rend possible une reconstitution de l’évolution chronologique des œuvres.

En réaction à des institutions comme l’Académie, les artistes se sont constitués en mouvements concurrents, souvent conçus comme révolutionnaires ; d’où l’attribution du terme d’avant-garde.

Réalisme, impressionnisme, ou encore cubisme… Ces noms vous sont familiers, mais vous ne savez pas exactement ce à quoi ils renvoient  ? Comment distinguer un mouvement artistique d’un autre ?

courants artistique

Vous trouverez dans cet article toutes les clés pour être incollable sur les mouvements reconnus comme incontournables en histoire de l’art ! N’hésitez pas à cliquer que les liens afin d’en savoir plus sur un courant en particulier.

Plan de l’article :

  1. Qu’est-ce qu’un mouvement artistique ?
  2. Les grands courants artistiques par période :

Qu’est-ce qu’un mouvement ou courant artistique ?

Un classement à partir de critères objectifs

Un courant artistique est un élément caractéristique d’une période historique et artistique. Il s’inscrit dans une certaine temporalité, il a donc nécessairement un début et une fin.

Le terme désigne un groupe d’artistes, qui ont en commun des pratiques techniques, des principes théoriques, et un style singulier.

Ce mode de classement se veut le plus objectif possible. Établi par des historiens de l’art et des experts, il fait autorité.

Quelques notions clés pour comprendre ce qu’est un mouvement artistique

Fait connu de tous : l’art ne connait aucune frontière ! Nombreux sont les artistes qui vivent une période d’itinérance dans leur vie (si ce n’est plusieurs !). Les voyages et la découverte de cultures nouvelles sont autant de sources d’inspiration ; raison pour laquelle rares sont les mouvements artistiques qui se limitent à un seul pays.

L’art navigue aussi bien entre les frontières qu’entre les genres. Un mouvement artistique peut réunir peinture, littérature, musique, sculpture, architecture et arts décoratifs ; à tel point que, parfois, les artistes pensent abolir toute distinction, de sorte à promouvoir un art total !

EN BREF

On se sert de cette terminologie pour :

Replacer une œuvre dans son contexte pour mieux l’appréhender et établir des rapprochements entre différents mouvements pour avoir une vision synthétique et complète de l’histoire de l’art.

Bon à savoir : comme pour de nombreux courants du XXe Siècle, le fauvisme s’est vu attribuer ce nom par la critique d’art. Au Salon d’Automne de 1905, on parle alors de « cage aux fauves » et Matisse était même considéré comme « le roi des fauves ».

Mais alors, quels sont les courants artistiques qui ont construit l’histoire de l’art ?

Difficile de s’y retrouver, tant le monde de l’art s’est enrichi en mouvements majeurs au fil des siècles !

Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive de certains courants artistiques (classés par période — de la Renaissance à nos jours) qui ont bouleversé leur temps.

Peinture de la RENAISSANCE

Le nom même de la période traduit l’aspiration au renouveau, la volonté de faire renaître le monde antique. Les aspirations intellectuelles des élites encouragent la floraison des arts ; ils deviennent des commanditaires privilégiés des artistes de la Renaissance.

Humanisme (XVe siècle)

Courant intellectuel et artistique d’origine italienne du XIVe-XVe siècle. Les artistes humanistes replacent l’homme au centre de la création, sous l’influence d’une redécouverte littéraire et artistique de l’Antiquité.

Maniérisme (1520-1600)

De l’Italien « maniera », à savoir la notion de style. Les maniéristes prônent la licence artistique ; c’est-à-dire des inventions extravagantes, dont au mouvement de torsion, souvent très prononcé, voire exagéré. Il est indissociable d’une culture de cour raffinée. C’est un art intellectuel, qui s’adresse avant tout à un public avisé.

Naturalisme (XVIe siècle)

Par opposition avec le maniérisme, ce courant vise une représentation fidèle, dénuée d’idéalisation. Les naturalistes mettent à l’honneur les scènes de la vie courante (on parle alors de scènes de genre).

Peinture du XVIIe Siècle

L’Europe est le théâtre d’affrontements sanglants entre catholicisme et protestantisme ; les élites aristocratiques romaine, française et espagnole cherchent à promouvoir un art religieux et politique plus proche du fidèle. Dans le même temps, l’artiste se fait défenseur du retour à l’ordre, qui se traduit par un intérêt renouvelé pour l’Antiquité.

Baroque (XVIIe)

La production de ce courant est essentiellement religieuse. L’artiste baroque recherche le pouvoir de séduction de l’œuvre d’art, qui doit émouvoir.

Classicisme (XVIIe)

L’Antiquité classique est érigée au rang de modèle de perfection, dans la quête d’une représentation de la beauté idéale. Le mouvement du classicisme marque le triomphe de l’ordre et la perfection, par opposition avec le déséquilibre et la difformité.

Peinture des LUMIÈRES

Le XVIIIe Siècle est le temps de la contestation progressive de l’ordre établi ; la noblesse multiplie les divertissements, tandis que les artistes s’interrogent sur les rapports entre art et pouvoir. Pour tous, la question de l’indépendance vis-à-vis du pouvoir monarchique se pose.

Rocaille (1715-1770)

En réaction au classicisme du règne de Louis XIV, le mouvement rocaille promeut une certaine libération des formes et du style trop rigides. En peinture, en sculpture ou en ébénisterie, ce style ornemental consacre les lignes courbes, dans le cadre de l’enrichissement des intérieurs aristocratiques.

Bon à savoir : le terme « rococo » présente une connotation péjorative

Pittoresque (1750-1800)

La peinture pittoresque représente la nature dans sa variété. Elle est souvent associée à des ruines antiques. La mise en scène du paysage est toujours dramatique. Le peintre tente d’établir une proximité avec la sensibilité humaine.

Néoclassicisme (1750-1830)

Ce mouvement s’épanouit dans le cadre du Grand Tour (le voyage de formation pour l’aristocratie, dans les principales villes européennes). L’artiste néo-classique consacre un nouveau culte de la beauté idéale classique, fondée sur une reproduction exacte du modèle grec ou romain. 

Peinture du XIXe Siècle

Dans la continuité du XVIIIe siècle, le XIXe siècle entretient un rapport critique avec le pouvoir ; l’instabilité des régimes trouve écho dans les arts, où se succède un plus grand nombre de mouvements qu’auparavant, jusqu’à la naissance des avant-gardes.

Style Empire (1805-1830)

Plus présent dans le mobilier, le style Empire marque la domination politique de Napoléon Bonaparte à travers les arts. En rupture avec la sobriété néoclassique, il remet au goût du jour l’ostentation. Il s’associe à l’égyptolomanie, dans le sillage des campagnes militaires. 

Romantisme (1790-1848)

L’évasion artistique proposée par l’artiste romantique est émotive et fantastique, ce qui implique la liberté de la créativité. Il s’agit de retranscrire mélancolie, nostalgie, sentiment du sublime et souffrance, par opposition avec la supériorité de la raison humaine prônée par les Lumières.

Académisme (XIXe)

L’art classique est érigé au rang de perfection insurpassable ; l’académisme prend pour modèle la beauté idéalisée. L’artiste doit respecter l’équilibre des formes, et choisit des sujets savants mythologiques ou historiques.

Orientalisme (XVIIIe et XIXe)

Chez l’artiste orientaliste, l’atmosphère fabuleuse du conte ou du rêve domine. Le désir d’évasion et de connaissance s’associe au fantasme du monde musulman.

Réalisme (1840-1880)

Le refus de l’artiste des conventions le pousse à s’intéresser aux aspects indignes et vulgaires de la vie. Il entend représenter le monde contemporain. 

LES DÉBUTS DE L’ART MODERNE

Le tournant du XIXe au XXe siècle marque une révolution sans précédent dans l’histoire de l’art ; on ne peint plus ce qu’on voit, mais ce qu’on ressent.

Un seul maître mot ; le progrès artistique !

Impressionnisme (1874-1886)

L’impressionnisme repose sur la volonté de capter la lumière naturelle à différents instants. Les artistes ne cherchent pas nécessairement à produire une représentation fidèle d’un paysage ou d’une scène, mais plutôt à saisir sur le vif. L’impression est esquissée, inachevée, afin de rendre la fugacité de la vie moderne.

Pointillisme (1886-1900)

Les artistes pointillistes pratiquent la pose de couleur pure en petits points, afin de figurer la décomposition de la lumière. 

Post-impressionnisme (1895-1910)

Le post-impressionnisme réunit une multitude de styles, et englobe des artistes difficiles à catégoriser, comme Paul Cézanne, Vincent Van Gogh et Henri Toulouse-Lautrec. Mais tous entendent échapper au réalisme descriptif.

ART MODERNE

De la veille de la Première Guerre mondiale à l’entre-deux-guerres, les artistes expérimentent de nouvelles techniques figuratives, parfois poussées jusqu’à l’abstraction. Petit à petit, on se détache du réel. Pour autant, les artistes n’oublient pas leur époque, marquée par la guerre et la précarité. Leur peinture se fait réaction.

Fauvisme (1904-1908)

Les artistes fauves réalisent des toiles aux couleurs tape-à-l’œil et à la spontanéité crue. Leur émancipation se fonde sur une vision plus personnelle de l’art.

Expressionnisme (1905-1920)

Les émotions subjectives des artistes expressionnistes priment sur l’observation des faits. L’usage de la couleur devient émotionnel et symbolique. 

Cubisme (1908-1913)

L’artiste cubiste préfère le cube pour fragmenter ses compositions jusqu’à l’abstraction. Il multiplie les points de vue, afin de forcer le spectateur à reconstruire les formes lui-même. 

Futurisme (1909-1930)

La passion de l’artiste futuriste pour la vitesse et le progrès technique place au cœur de son œuvre la représentation du dynamisme des grandes villes.

Constructivisme (1913-1930)

L’artiste constructiviste russe utilise des formes géométriques abstraites. Sa fascination pour l’espace tridimensionnel le pousse à privilégier la sculpture.

Dada (1916-1922)

Ce courant artistique réunit des artistes qui expriment leur rage envers la guerre. L’artiste dadaïste remet en cause l’ordre établi.

Nouvelle Objectivité (1924-1933)

Les artistes de ce courant réaliste de l’art allemand adoptent un style réaliste, et revendiquent un engagement social. La Nouvelle Objectivité se fixe pour but de critiquer les horreurs de la guerre, la corruption politique, et la montée du nazisme.

Surréalisme (1924-1959)

L’artiste surréaliste refuse la logique et la raison, et préfère libérer son inconscient ; ses phobies, ses désirs, ses rêves réprimés.

Réalisme social (1930-1940)

Les artistes américains réalistes et socialistes proposent un art populaire, à contenu social ; ils archivent ainsi les conditions de vie des zones rurales appauvries.

DESIGN & ARTS DÉCORATIFS

Avec l’essor de l’industrie, les artisans comme les architectes réfléchissent aux conditions techniques et artistiques de la production de masse ; le raffinement n’est pas oublié pour autant, mais devient inséparable de la notion de confort. On innove certes, mais on s’adapte à la vie quotidienne.

Art Nouveau (1890-1915)

L’Art Nouveau s’affirme internationalement, du Sezessionstil autrichien au Modernisme catalan. La dimension végétale et organique prime, par refus de la référence aux styles historiques passés. En rupture avec l’industrialisation grandissante, le mouvement promeut un art total, unique et novateur.

Bauhaus (1919-1933)

L’artiste, le designer ou l’architecte formé dans l’école allemande du Bauhaus produit un design fonctionnel de qualité, dans le but d’améliorer la société.

Art Déco (1920-1940)

L’Art Déco se définit comme un art luxueux et décoratif, encouragé par les compagnies de transport ; il célèbre la vitesse, le voyage et le luxe.

Bon à savoir : on retient aussi le terme « style paquebot », qui fait référence à la présence abondante de mobilier de ce courant à bord des paquebots transatlantiques de croisière.

 

ART CONTEMPORAIN

La Deuxième Guerre mondiale marque pour plusieurs décennies l’imaginaire des artistes. Peu à peu, afin de répondre à une quête existentielle (comment renouveler la tradition artistique ?), ils abandonnent la peinture, médium traditionnel dominant.

La dématérialisation de l’art, sous l’influence de l’installation éphémère, constitue au milieu du XXe siècle la nouvelle norme ; à tel point que les dernières décennies de l’époque contemporaine sont marquées par un retour à la tradition (notamment picturale), conçu comme une nouvelle réaction.

Abstraction organique (années 1940 — années 1950)

L’artiste choisit des formes arrondies et abstraites observées dans la nature. L’abstraction organique influence ainsi les designers américains et scandinaves. 

Art Brut (1945)

L’artiste revendique son absence de formation dans une école. L’Art Brut, en tant qu’art populaire et autodidacte définit des œuvres produites hors du système traditionnel.

Expressionnisme abstrait (1945-1950)

Les artistes américains de l’expressionnisme abstrait mettent en avant l’investissement de leur corps dans la peinture, ou l’action artistique. Ils prennent pour sujet les émotions humaines, dans un monde jugé absurde et irrationnel.

CoBrA (1948-1951)

Les artistes du mouvement Cobra promeuvent un art expressionniste et populaire. Ils sont à la recherche d’une innocence perdue, qu’il retrouvent dans l’art enfantin, comme dans les graffitis ou l’art préhistorique.

Pop Art (1956-1970)

Le Pop Art puise son inspiration dans la publicité, les médias, le design. Les artistes pop s’intéressent à la culture populaire de masse.

Nouveau Réalisme (1960-1970)

Les nouveaux réalistes incorporent des objets quotidiens dans leurs œuvres, par goût pour la fabrication. 

Minimalisme (1965 — années 1970)

Les artistes minimalistes utilisent des structures simples et géométriques. Ils mettent en scène une expérience visuelle.

Art conceptuel (1965)

Les artistes conceptuels réduisent l’œuvre d’art à un moyen pour exprimer une idée ou un concept. L’œuvre ne présente ainsi aucun intérêt visuel.

Hyper-réalisme (1965)

Les hyper-réalistes optent pour une peinture et une sculpture descriptive et figurative ; ils copient les photographies et effectuent des moulages corporels.

Arte povera (1967)

Les artistes de l’Arte Povera choisissent des matériaux humbles et pauvres ; ils recyclent leurs assemblages et leurs installations.

Postmodernisme (1970)

Initié par des architectes, ce mouvement célèbre les références à des types passés, les emprunts aux autres cultures. Les artistes postmodernistes font un usage exubérant des couleurs vives.

Néo-pop (1980)

Les artistes du courant Néo-pop reprennent des matériaux et des images du Pop art, mais de manière ironique et humoristique.

Street Art (1990)

Le street art est un courant artistique contemporain qui rassemble des artistes autour de la pratique de l’art urbain (à l’origine un art éphémère né dans la rue). Les artistes français et internationaux manient à la perfection la communication 2.0 et les réseaux sociaux.

Bon à savoir : les Space Invaders sont des réalisations en mosaïque de carrelages ou de tesselles, posées sur les murs des plus grandes métropoles internationales.

Parmi les mouvements ultra-contemporains, on retrouve le domaine numérique et les NFT.

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