Qu’est-ce que l’Art nouveau ?

Publié le 1 juillet 2019

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Jette la fleur, garde la tige. (Victor Horta)

On considère généralement que ce mouvement court de 1885 à 1914. On distingue deux tendances principales: la plus connue reste le style floral, marqué par une ligne intriquée, sinueuse et asymétrique, caractéristique de la France et de la Belgique. Mais on trouve également un style plus géométrique, plus présent en Ecosse et en Autriche.

Ce mouvement touche aussi bien l’architecture, que le dessin, et les arts appliqués.

On associe généralement ce mouvement aux vases aux motifs floraux, aux courbes bien définies et au design élégant. Dans l’imaginaire de l’Art Nouveau, on retrouve également des lampes aux formes tourmentées et ornées de divers motifs organiques.

Naissance d’une nouvelle vision …

L’Art nouveau désigne en même temps un mouvement artistique et un style qui se répand en Europe entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Il a été consacré lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris.

Au début, l’Art nouveau était une réaction à l’industrialisation grandissante et à la stagnation de l’art en général. Il apparait dans un monde artistique encore plongé dans les traditions du classicisme et de ses mouvements connexes.

La naissance de l’Art nouveau n’intervient qu’au début des années 1890 avec la construction par Victor Horta de l’Hôtel Tassel, à Bruxelles. Le design, la décoration, l’agencement des meubles… Tout dans cet hôtel exprimait les principes prônés par l’Art nouveau.

… et synthèse des inspirations

Ce sont les artistes tels que François Loyer et Claude-Nicolas Ledoux qui posent les bases de ce nouveau courant. Ces derniers proposent une nouvelle vision de l’art. Ils aspiraient à un art qui conduirait à la création de quelque chose de complètement nouveau, un art qui ne se contenterait pas d’imiter les artistes du passé.

L’inspiration des modèles antérieurs s’associe à l’influence de l’esthétique japonaise, des bijoux et enluminures celtes et saxons, mais aussi de l’architecture gothique.

À noter l’impact de grandes découvertes scientifiques, notamment des théories darwiniennes, qui conduisent les artistes à reconsidérer l’utilisation de formes naturelles. Pour autant, la nature n’est plus l’échappatoire romantique, mais bien la marque du progrès.

La culture japonaise des art graphiques et de l’artisanat se fait particulièrement sentir dans le décor japonisant du textile, du papier peint, ou encore de la céramique à usage domestique, de la bijouterie, ou de la reliure.

Les détails du Moyen-Âge flamboyant sont réinterprétés par un étirement maniériste.

Principes

La majorité des principales créations de l’Art nouveau est fondée sur 4 grands principes :

  • Le rejet de l’académisme qui a pour principal corollaire l’abandon de toute référence à l’antiquité grecque ou romaine ;
  • La forte place à la nature. Cela se traduit par des formes sinueuses, des décors dominés par des motifs végétaux… ;
  • La fusion entre arts majeurs et arts mineurs (souvent qualifiés d’arts décoratifs : métal ciselé, tapisserie, sculpture des matériaux tendre…) ;
  • La forte participation dans la lutte pour le progrès social : l’art est universel, il ne devrait pas concerner une catégorie définie de personnes ;

Dans sa globalité, l’Art nouveau constitue la croyance dans le progrès continu. Cela implique de passer outre les interdictions et le conformisme de toute origine (historique, sociale, dogmatique…).

Artistes

L’Art nouveau a été marqué par des artistes de renoms. Parmi eux il y a :

  • René Lalique : beaucoup le considèrent comme le créateur du bijou moderne. Les vases Bacchantes constituent l’une de ses œuvres les plus célèbres ;
  • Émile Gallé : c’est le symbole de la verrerie d’art en France et ses créations figurent parmi les incontournables chefs-d’œuvre de l’Art nouveau ;
  • Hector Guimard : on le voit comme le grand architecte de l’Art nouveau à Paris. C’est à lui que l’on doit l’architecture du métro parisien, mais aussi certains des plus beaux immeubles de Paris.

On retrouve également Victor Horta, Charles Rennie Mackintosh, Alfons Mucha, Louis Comfort Tiffany, et Henry Van de Velde.

L’architecture : domaine emblématique

En architecture, le rationalisme pousse à l’abandon de la symétrie, de sorte à obtenir une expression franche des fonctions.

Ceci explique l’omniprésence du répertoire ornemental de végétaux et d’animaux stylisés, qui l’emportent sur les oves grecques et les entrelacs classiques. On trouve ainsi beaucoup de lézards, libellules, tournesols, tandis que le décor végétal épuré met en scène des courbes exclusivement graphiques.

Le traitement libre de l’espace intérieur se retrouve dans quasiment toutes les demeures. Régies par une structure en acier, ces dernières répondent au principe d’expression claire de la faction. Ainsi une cage d’escalier peut-elle apparaitre dans la composition d’une façade.

L’essentiel de l’expérimentation de l’Art Nouveau en architecture tient en des articulations nouvelles de volumes intérieurs libres et d’espaces intérieurs fluides ; d’où l’usage souple des matériaux et un décor à l’expressivité puissante.

Tout l’objectif est de mettre en place un décor de la plus grande unité possible, tout en travaillant les contrastes de matière, couleur, et forme. Souvent, c’est le décor en liane qui prime. La structure en bois et acier est alors particulièrement apparente. Parfois, l’usage expressif des matériaux confine au surréalisme, avec des fontes ornées qui semblent prendre vie !

Matérialité et vitalité

Les matériaux sont utilisés de manière à exprimer leurs qualités essentielles, comme la légèreté du métal, la robustesse de la pierre de taille ou le remplissage économique par la brique. Les ornements végétaux stylisés servent ensuite à établir des liaisons entre les éléments.

Les céramistes, dessinateurs de vitraux et autres maîtres-verriers s’essayent à la superposition virtuose de matières colorées.

La production la plus abondante, à Nancy, reste celle des meubles et de la verrerie ; à tel point qu’on voit même apparaitre des maisons-enseignes, construites pour des dessinateurs et producteurs de meubles.

Tandis que les artistes sont principalement des transfuges, c’est-à-dire qu’ils ont reçu une formation dans une autre pratique artistique que celle de leur activité. Ces créateurs sont des nomades aguerris, qui doivent se trouver un mécène ou donateur.

Le décor envahissant est de fait un emprunt aux livres illustrés, dans lesquels les lianes passent des images aux textes pour gagner les reliures, c’est-à-dire, selon la formule d’Horta, en « jetant la fleur et en gardant la tige ».

Des variations stylistiques mais un projet commun

L’Art Nouveau marque la fin ordres classiques, une rupture radicale dans l’histoire de l’art.

Mais, si la postérité a majoritairement retenu le nom d' »Art nouveau », il convient de rappeler qu’il comprend de fait des variantes stylistiques nationales, tant espagnole, anglaise, qu’allemande. On parle ainsi aussi de Modernismo, Free style, Modern Style, Sécession, Jugendstil ou Nieuwe Kunst.

L’Art Nouveau est aussi la révolte des métropoles modernes contre les capitales vieillissantes, incarnées par l’opposition entre Nancy et Paris.

Au centre du projet, on trouve la volonté de créer un « art total », qui maitrise tous les aspects de la vie quotidienne.

Les guildes et autres associations professionnelles connaissent un regain de popularité ; elles se chargent de la production d’ensembles domestiques complets (de la maçonnerie à la petite cuillère). Paradoxalement, dans le même temps, on célèbre la singularité provocatrice de l’individu en architecture et arts décoratifs.

SYNTHÈSE

L’Art nouveau, un mouvement international oublié qui a vu le jour à l’aube du 20e siècle.

Parmi Ses caractéristiques principales, on retient souvent la simplicité du trait, les lignes et formes allongées, une palette contrastée, ainsi que des formes organiques abstraites.

Tout est mis en place pour que cet art domestique contribue à l’esthétisation du quotidien. Les manifestations du mouvement dans la vie privée en fait un art social.