L’art de la lacération chez Lucio Fontana

Publié le 11 janvier 2019

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Même de nombreuses années après sa mort, les œuvres de Lucio Fontana, ses fameuses toiles fendues, gardent encore beaucoup de leur popularité d’antan. À vrai dire, elles sont aujourd’hui très appréciées par les collectionneurs. Ses toiles « atypiques » ont fait de Fontana l’un des peintres les plus influents de l’Art moderne. Si beaucoup d’encres ont déjà coulé sur les mystères des fentes des toiles de l’artiste, ces dernières continuent malgré les années à susciter l’intérêt des amoureux de l’art. Quels mystères se cachent derrière les lacérations de Lucio Fontana ? Comment en est-il arrivé à fendre ses toiles ?

Avant les trous et les fentes de Fontana

Beaucoup connaissent Lucio Fontana pour ses peintures présentant des trous et des fentes. Pourtant, avant ces œuvres emblématiques, il y aura autre chose : une vie. En effet, Fontana ne créera ses premières œuvres perforées et tailladées qu’en 1949, à l’âge de 50 ans, avec ses toiles Bucchi et Tagli. Avant la peinture, Fontana faisait de la sculpture. Il est lui-même issu d’une famille spécialisée dans le domaine.
L’artiste aimait surtout les matières ductiles comme le plâtre ou encore la terre cuite polychrome. De 1934 à 1935, Fontana semble surtout influencé par l’avant-garde abstraite italienne. Il signe même un manifeste et adhère au mouvement Abstraction-Création. Malgré tout, Fontana ne s’interdisait aucun axe, il expérimentait tout, jonglant avec tous les styles : abstrait, figuratif, baroque, épuré…

L’influence du mouvement spatialiste

Lucio Fontana Trou

1946 est un tournant pour Lucio Fontana. C’est cette année qu’il décide de fonder le mouvement Spatialiste et conçoit le « manifesto blanco » : le texte fondateur autour des concepts de temps et d’espace. Le spatialisme veut aller au-delà des arts habituels (peinture, sculpture, musique…). Il veut former un amalgame merveilleux entre couleur, son, mouvement et espace. Durant cette période, Fontana se concentre exclusivement sur la création d’œuvres sur papier, céramique, et plâtre.

En 1949, Fontana revient à la peinture sur toile et commence à faire des trous dans ses œuvres. Ces derniers deviendront alors « le geste spatialiste fondateur ». Néanmoins, il ne tombe pas totalement dans l’abstraction radicale. En effet, ses trous forment encore des lignes et des figures. Mais la troisième dimension qu’il apporte à ses toiles en fait un genre de « sculptures murales » qui « crèvent l’écran de la peinture ». Les œuvres produites par Fontana jusqu’en 1952 sont toutes intitulées « Concetto Spaziale ».

Lucio Fontana : des trous aux lacérations

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À partir de 1957, Fontana délaissera les trous pour passer aux fentes en créant la série des Carta : des œuvres papiers entoilés qu’il griffe, troue et lacère. Les entailles deviennent alors le moyen pour l’artiste de manipuler l’espace réel et d’altérer la toile, non plus par l’ajout, mais par la soustraction des couleurs. Elles sont également emplies de symbolisme : symbole de la vie, de la liberté et de la sexualité.
La dernière étape de l’art de la lacération de Fontana s’achève à partir de 1960 lorsqu’il commence à lier le monochrome et l’acte de fendre. La série Olii (huiles) et Tagli (Fentes) sont les œuvres les plus emblématiques de l’artiste pour cette période. Jusqu’à sa mort, Fontana n’a jamais cessé de peindre et au fil des ans, ses œuvres seront de plus en plus épurées. Et à la fin, il se fera surtout connaître pour ces toiles monochromes fendues, inimitables et très travaillées.