Vendre du mobilier Jean Prouvé 

Publié le 11 octobre 2021

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Les meubles de Jean Prouvé sont considérés comme des œuvres d’art à part entière. Les amateurs s’arrachent ses réalisations aux lignes épurées et avant-gardistes.

En avril 2018, une guerre commerciale a vu s’opposer acheteurs et experts, lors d’une vente aux enchères menée par la maison Artcurial. La paternité des meubles, attribuée à Jean Prouvé a été remise en cause par les acquéreurs professionnels, qui ont mené l’affaire en justice afin de faire annuler la vente pour défaut d’authenticité. L’enjeu est de taille, étant donné la cote de l’architecte toujours plus importante depuis le début du XXIe siècle.

L’authentification et l’estimation d’un meuble de Jean Prouvé doivent résulter d’un travail minutieux réalisé par un expert de l’architecte. Si les prix et la cote peuvent varier, il est important de demander un certificat d’authenticité afin de pallier à toute déconvenue quant à l’authenticité du meuble.

Les indices permettant de déterminer l’authenticité d’un meuble réalisé par Jean Prouvé

Le mobilier conçu par Jean Prouvé a plusieurs particularités, permettant de déterminer son authenticité.

Les premiers pas de Jean Prouvé dans le monde de l’art furent ceux d’un ferronnier. Rapidement ses nombreuses collaborations notamment avec le grand architecte et designer Robert Mallet-Stevens lui ouvrent les portes du succès.

Tout au long de sa carrière, Jean Prouvé crée des séries de mobilier réalisées à partir de son matériau de prédilection qui est le fer. Malléable, peu coûteux et résistant, le métal permet de donner vie à toutes les pièces de mobilier qu’il imagine.

Jean Prouvé utilise divers techniques de façonnage comme la soudure électrique, appliquées aux modèles industriels. La démocratisation d’un mobilier simple et utilitaire, ainsi que la liberté de création de l’architecte, sont les points centraux de sa démarche.

Pendant la guerre, le métal se fait rare et cher, ce qui pousse Jean Prouvé à le remplacer par le bois, tantôt exotique comme le Kambala, tantôt local comme le chêne, Jean Prouvé ne sacrifiera jamais la qualité de ses matériaux sur l’autel de la productivité.

La plupart de ses pièces de mobilier sont réalisées en métal et bois, une particularité qui lui est propre. De ses chaises pliantes à sa célèbre chaise Standard n°4 et toutes autres variantes, l’alliance de ces deux matériaux est l’une des raisons qui permet d’attribuer à Jean Prouvé, la paternité de ces pièces.

Un autre particularisme du mobilier réalisé par Jean Prouvé est à noter : ses meubles sont souvent d’une forme utilitaire simple et facile à réaliser, le seul ornement présent sur ses meubles se limite à un piètement en équerre, plus ou moins épais. Sa table Cafétéria n°512, son bureau Secrétaire de 1950 ou encore son fauteuil Léger n° 356, dit « chaise Antony », sont équipés de ce piètement si caractéristique de l’œuvre de l’architecte.

Du mobilier conçu pour tous au mobilier accessible à une poignée de collectionneurs

La plupart du mobilier pensé et réalisé par Jean Prouvé était destiné à meubler des logements de façon économique après la guerre et s’adressait au plus grand nombre. Cependant, son esthétique épurée et son fonctionnalisme innovant ont contribué à l’envolée de la cote de ses pièces de mobilier.

Aujourd’hui un meuble de Jean Prouvé vaut plusieurs milliers, voire plusieurs centaines de milliers d’euros pour les pièces exceptionnelles. La rareté est un facteur qui n’a que peu d’impact sur le prix de vente de ces œuvres. La cote de l’artiste s’explique avant tout par l’esthétisme de son mobilier et l’avant-garde de son design, mais aussi par la personnalité et la notoriété de ce grand architecte.

Aujourd’hui les pièces les plus vendues, et les plus répandues sont les chaises Standard n° 4. Leur prix de vente se négocie généralement pour plusieurs milliers d’euros, et jusqu’à 15 000 euros pour celles en parfait état et à la provenance prestigieuse.

Spécialiste des chaises, mais également des fauteuils, Jean Prouvé en réalise de nombreux modèles, notamment les fauteuils Kangourou et les fauteuils Antony qui se négocient pour plus de 12 000 euros généralement, lorsqu’elles sont en bon état de conservation. Cette estimation est à tripler pour les fauteuils Direction.

Moins connu pour ses luminaires que pour son mobilier de repos, Jean Prouvé conserve une certaine cote sur les lampes et notamment les lampes Potence. Une lampe Potence exceptionnelle de la série « Air France Afrique » a été estimée pour plus de 200 000 euros. Fait rare tout de même, puisque la plupart des lampes de cette série se vendent autour de quelques milliers d’euros.

Du mobilier à l’immobilier

Jean Prouvé était un artiste et un créateur aux multiples talents : ferronnier, décorateur, architecte et designer, il a réalisé non seulement du mobilier, mais encore des logements, dont la cote est actuellement élevée.

Les réalisations immobilières de Jean Prouvé, s’inscrivent dans une constante modernité, liant l’épure et la fonctionnalité, elles sont aujourd’hui convoitées par les plus riches amateurs de l’architecte. De ses fenêtres à guillotine, à ses cloisons modulables en passant la structure en portique axial, tous les aspects de ces maisons fascinent et font s’envoler les prix.

Récemment, la villa Dollander, dans le Lavandou, sur laquelle Jean Prouvé et son frère Henri, ainsi que Pierre Jeanneret ont travaillé, est mise en vente pour plus de 6 millions d’euros. Garnie du mobilier du célèbre architecte, elle suscite curiosité et émerveillement, comme un témoignage exceptionnel des multiples talents de l’architecte.