Comprendre le Néo-classicisme

« La beauté est comme l’eau la plus limpide, puisée à une source pure et d’autant plus salubre qu’elle a moins de goût » (J. Joachim Winckelmann).

Le néo-classicisme est un courant artistique né au XVIIIe siècle en Europe. Les intellectuels souhaitent un retour à un idéal.

L’Antiquité est toute désignée pour puiser leurs inspirations. Les publications philosophiques des auteurs qui louent le système politique romain ou les découvertes des ruines antiques en Italie sont des influences indéniables pour les artistes.

Le néo-classicisme prend forme dans de nombreux domaines artistiques. Les artistes veulent éduquer le spectateur et la peinture est considérée comme l’art le plus noble. Les œuvres mettent en avant des héros qui portent des valeurs morales dont l’une des plus importantes, la vertu.

Le mouvement artistique néo-classique coïncide avec les idées des Lumières et la pensée révolutionnaire. Ils souhaitent un monde gouverné par les lois immuables de la raison. Ce mouvement a une grande longévité et marque le tournant d’un nouveau siècle : le XIXe.

La définition du néo-classicisme

La civilisation gréco-romaine comme exemple

Au XVIIIe siècle des écrivains étudient le système politique de la Rome Antique. Durant cette période les encyclopédistes rédigent des attaques contre le mouvement rococo dont ils dénoncent la sensualité et voient en l’Antiquité une pureté totale.

Montesquieu publie en 1734 Considérations sur les Romains où il évoque les forces de la Rome Antique ainsi que ses abus et sa chute. En travaillant sur Rome, l’auteur souhaite un retour aux sources de la civilisation européenne et pose les bases de l’histoire philosophique.

L’admiration pour l’Antiquité est telle que les intellectuels de cette époque voient dans la civilisation gréco-romaine un modèle. L’histoire de l’art se développe et s’empare de ce thème qui devient un véritable culte. Les artistes souhaitent un retour à la simplicité des formes et à la pureté.

Le mouvement néo-classique naît et se base sur un idéal esthétique, le beau absolu où les artistes recherchent la clarté et l’équilibre. La contemplation de la beauté demeure liée à la vertu.

La République romaine est le symbole d’un État parfait. À partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le néo-classicisme se développe et son apogée demeure pendant la Révolution Française et l’Empire. Le néo- classicisme prend fin autour des années 1830 lorsqu’il est supplanté par le mouvement artistique appelé romantisme.

Hors de la France : les ruines antiques

Le mouvement artistique néo-classique se diffuse partout dans le monde. On le retrouve en Italie, en Angleterre, en Europe centrale et aux États-Unis. Grâce à l’intérêt croissant de l’Antiquité, un autre domaine se développe, l’archéologie.

L’allemand Johann Winckelmann fouille les ruines antiques avec un procédé scientifique et publie ses recherches sur la sculpture et la peinture grecques. Son ouvrage le plus emblématique est Histoire de l’art et l’Antiquité publié en 1764. Johann Winckelmann pose les fondements du néo-classicisme.

Les publications se multiplient et d’autres personnalités de nationalités diverses se tournent sur l’étude des ruines gréco-romaines. C’est à cette époque que des institutions voient le jour. L’Institut de correspondance archéologique se fonde à Rome et des ateliers de peinture qui forment tous les jeunes artistes se créent petit à petit.

L’un des ateliers le plus renommé est celui du peintre allemand Raphaël Mengs. Son enseignement est axé sur le beau idéal et l’imitation de Raphaël et du Corrège. L’un de ses tableaux les plus connus est Persée et Andromède peint en 1778.

Cette œuvre est clairement inspirée de la Rome Antique. L’artiste a repris les traits de la sculpture Apollon du Belvédère créée au IVe siècle apr. J.-C. pour représenter Persée. Le héros grec pose nu à l’antique tandis que Andromède apparaît aimante à ses côtés.

Un nouveau genre dans la peinture : l’Histoire

Les caractéristiques de la peinture néo-classique

Dans la peinture, les artistes cherchent un idéal et le démontrent essentiellement sur la forme. Les œuvres représentent de grandes scènes historiques et atteignent une grandeur universelle par l’exaltation du héros antique. Les artistes éliminent les fioritures et les ornements.

L’art prend une dimension symbolique pour devenir utilitaire et servir d’enseignement. Les artistes souhaitent représenter l’histoire dans leurs tableaux et le néo-classicisme est marqué par ces œuvres dit peinture d’histoire.

En ce qui concerne les techniques, le néo-classicisme possède deux caractéristiques.

Tout d’abord, les artistes utilisent des couleurs sobres afin d’éviter l’exubérance et que leurs tableaux soient jugés trop expressifs. Dans la grande majorité des cas, des tons unis se détachent sur un fond sombre. La couleur devient un symbole et sert à sublimer la forme. Son rôle est qualifié d’habillage. Cette vision rompt avec les mouvements précédents comme le baroque ou le rococo où les couleurs avaient une autonomie plastique expressive.

Deuxièmement, les tableaux néo-classiques sont construits avec des calculs rigoureux pour épurer et simplifier la composition. Les lignes de fuite sont des points imaginaires utilisés en dessin afin de faciliter la représentation des figures. Ils sont primordiaux et travaillés dans chaque œuvre. La géométrie reste un outil indispensable dans le mouvement néo-classique.

L’art néo-classique se prolonge longtemps à travers l’art académique enseigné à l’École Nationale des Beaux-Arts. Ce cadre limité entraîne une rigidité de la doctrine qui demeurera tout le XIXe siècle.

Quelques exemples de tableaux célèbres

Le tableau a un caractère sacré puisque David choisit le moment où le père demande à ses trois fils de prononcer le serment. Le fond du tableau est sans décor, il ressemble à une scène de théâtre. L’ensemble évoque une frise de bas- relief antique. Le peintre cherche à remettre à l’honneur les valeurs morales précédemment proclamées par les philosophes des siècles des Lumières.

Andrea Appiani réalise le portrait de Napoléon Ier en 1805. Le peintre milanais doit représenter son portrait officiel et montrer tous les attributs du pouvoir. Ce portrait rompt avec l’ancienne tradition puisque Napoléon n’est pas de plain-pied. L’homme d’État est de trois quarts vers la droite et Appiani le représente en buste ce qui permet un resserrement sur les insignes du pouvoir. Les couleurs sont douces, Napoléon porte un velours vert brodé au lieu du velours pourpre. Appianiréalise d’autres versions de Napoléon comprenant des changements subtils.

Les pestiférés de Jaffa est une œuvre réalisée en 1804 par Jean Antoine Gros. Ce tableau est une commande de Napoléon pour représenter un épisode de la campagne d’Égypte.

Napoléon a l’air calme et bienveillant. Il touche de sa main la tumeur sur le torse d’un malade en un geste un peu théâtral. Le médecin à l’arrière de Napoléon tente de le retenir tandis qu’un soldat se recouvre le nez afin de masquer l’odeur des malades. Chaque malade exprime un sentiment : la peur, larésignation, l’épuisement…

L’œuvre démontre le courage et la compassion de Napoléon. La scène est un éloge à l’homme d’État capable de diriger une nation par sa vertu et son comportement admirable face à la mort.

Le néo-classicisme et les arts décoratifs

Les vases antiquisants

Les arts décoratifs sont également touchés par le mouvement néo-classique.

Le décor prend naissance dans le style Louis XVI. Les cartouches irréguliers du rococo font place à un décor plus sévère où règnent les angles droits, les cercles et les ellipses. Ensuite, émerge le style Directoire (de 1789 à 1799) et ce dernier conjugue le goût antiquisant dit pompéien aux lignes raides et élancées du style Adam venu d’Angleterre.

Puis le style Empire apparaît en 1799 et transforme l’élégance du style Louis XVI en une proposition monumentale aux lignes raides.

La porcelaine des styles précédemment cités a parfois connue un très fort succès. La société Wedgwood reprend l’entreprise de Joshua Wedgwood, un fabricant de poterie, qui est l’un des plus grands fournisseurs du Staffordshire. Les vases sont un hommage à l’antiquité grecque.

La fabrique produit des vases avec des décors antiques comprenant des personnages ou des scènes mythologiques avec des couleurs comme le basalte noir qui rappellent directement les céramiques grecques à figures rouges. L’entreprise connaît un grand succès et ses céramiques seront vendues et parfois copiées dans d’autres ateliers européens. En France, la manufacture de Sèvres produit des porcelaines de style Empire.

Le mobilier style Empire

Dans le mouvement néo-classique, le mobilier style Empire est le plus imposant et d’une grande richesse. Les meubles sont principalement en acajou et peuvent parfois avoir des incrustations d’autres bois comme l’érable ou le citronnier. Le décor est composé de motifs divers : des trophées antiques, des emblèmes impériaux …

L’iconographie issue de l’Égypte antique est également présente sur les meubles. Nous retrouvons des sphinx, des centaures ou des cygnes. Les meubles ont très peu de courbes et ont des lignes raides. La palette de couleurs est restreinte, le mobilier a la couleur du bois et les décors sont noirs, verts, dorés ou en bronze.

On peut reconnaître un meuble style Empire par ses pieds, ils sont très travaillés. Les pieds sont en colonnes ou en pieds d’animaux (par exemple des griffons et des griffes de lions). Il existe de nombreux meubles style Empire : tables, chaises, guéridons, commodes, etc. Georges Ier Jacob et François-Honoré Jacob-Desmalter sont les grands ébénistes de ce style.

EN SYNTHÈSE

Le néo-classicisme connaît son apogée sous le règne de Napoléon Ier. L’Homme d’État a une profonde admiration pour les découvertes antiques et organise des campagnes de fouilles devenues célèbres. Tous les arts sont touchés par le mouvement néo-classique. La sculpture et l’architecture ne sont pas oubliées et de véritables transformations dans ses domaines ont lieu. Napoléon Ier propage par son pouvoir ce mouvement artistique à travers l’Europe dans les territoires conquis.

Les grandes œuvres néo-classiques sont visibles dans différents musées dans le monde : Le Louvre (Paris), Le Musée de l’Ermitage (Russie) et dans des expositions temporaires comme au grand Palais (Paris). Aujourd’hui de nombreuses œuvres d’art subsistent chez les particuliers, notamment le mobilier style Empire.

Si vous pensez détenir une œuvre néo-classique, n’hésitez pas à la faire expertiser par Barnie’s.