Mon naturel me contraint à chercher et aimer les choses bien ordonnées, fuyant la confusion qui m’est contraire et ennemie comme est la lumière des obscures ténèbres. (Nicolas Poussin)
L’art classique apparaît en France au XVIIe siècle. Ce courant artistique touche tous les domaines et de nombreux artistes français produisent des œuvres classiques tandis qu’en Italie l’art Baroque se développe avec une rapidité fulgurante. Les arts classiques ont pour but de rechercher le vrai, l’ordre et la puissance à travers des œuvres considérées comme harmonieuses et élégantes.
On ne peut pas aborder le classicisme en omettant les liens étroits avec la monarchie française. C’est un art qui sert les cours princières et le plus bel exemple est le Château de Versailles. Il permet de montrer au reste du monde la grandeur et la puissance du Roi en prenant comme thème l’Antiquité.
Néanmoins même si l’art classique sert la monarchie, il ne faut pas la caricaturer en pensant qu’elle représente seulement cela. Le classicisme comporte de nombreuses autres caractéristiques.
Comment définir le classicisme ?
La naissance du classicisme : baroque contre classicisme ?
Pour comprendre le mouvement artistique classique, il faut aborder un autre courant de l’art, le Baroque. À la fin du XVIe siècle, l’art baroque émerge et devient un phénomène culturel marquant les arts des civilisations européennes. C’est à Rome que ce mouvement trouve son point de départ et ses racines spirituelles. Le Baroque se caractérise par des formes irrégulières et l’exagération du mouvement.
Un pays reste à l’écart de ce mouvement artistique, la France. La monarchie s’affirme et tente de s’appuyer sur les arts afin de montrer sa splendeur. Au XVIIe siècle une voie artistique parallèle naît en France, le classicisme.
Bon à savoir : Aujourd’hui les spécialistes sont nuancés sur la totale opposition du Baroque et du classicisme néanmoins il faut connaître ce contexte historique des arts afin de comprendre l’émergence du classicisme.
Le terme classicisme n’est pas utilisé au XVIIe et au XVIIIe siècle. Il est prononcé pour la première fois par l’écrivain français Stendhal en 1817. Ce mouvement est à la fois idéologique et artistique. Il touche tous les arts : la littérature, la musique, l’architecture, la sculpture et la peinture.
Les caractéristiques du classicisme
Le classicisme a un rayonnement important dans les arts et touche tous les domaines. Les artistes recherchent la rigueur, l’harmonie majestueuse avec des lignes droites qui s’opposent aux courbes présentent dans l’art Baroque.
Le classicisme repose sur des règles esthétiques et morales comme la clarté dans le style, l’inspiration antique et le désir d’instruire. Les artistes de tous les domaines s’inspirent des œuvres de l’époque antique, mais souhaitent dans le même temps les réinventer.
Les premières manifestations de l’art classique sont visibles dans l’architecture.
Le ministre Colbert développe plusieurs académies des arts au milieu du XVIIe siècle. Les architectes définissent les règles du classicisme et les diffusent au sein des académies. Plusieurs bâtiments emblématiques font partie de ce mouvement. Libéral Bruant, un architecte considéré comme le grand représentant du classicisme construit l’Hôtel des Invalides caractérisé par un plan quadrillé et une église dans son prolongement.
La colonnade du Louvre est elle aussi un très bon exemple de construction classique. La façade orientale est construite par Charles Le Brun, Claude Perrault et Louis Le Vau. L’accueil est mitigé à l’inauguration du bâtiment, elle comporte une particularité, un doublement des colonnes qui ne répondent pas totalement aux règles du classicisme.
Les artistes sont très strictes sur les critères du classicisme toutefois la colonnade du Louvre est devenue un emblème de l’art classique.
Enfin, aborder le classicisme sans citer le Château de Versailles est impossible. La rigueur de ses bâtiments et de son jardin mondialement connu en font l’une des œuvres architecturales la plus visitée en France chaque année.
La peinture et l’art classique
Les thèmes des œuvres classiques
Le premier représentant de la peinture classique est Nicolas Poussin. Il donna le goût de l’Antiquité à toute une génération de peintres. Les œuvres de Nicolas Poussin sont marquées par une lumière naturelle qui tranche avec les tableaux baroques comprenant des contrastes ombres-lumières.
L’artiste s’inspire des tableaux de la Renaissance et mélange des thèmes religieux et mythologiques. En 1648, Nicolas Poussin peint le tableau Orphée et Eurydice, une œuvre classique de grande renommée actuellement exposée au Louvre.
Au XVIIe siècle le mythe d’Orphée est évoqué à travers le prisme religieux puisque Orphée est considéré comme une préfigure du Christ. La mythologie est réinterprétée, l’artiste peint deux scènes du mythe (la mort d’Eurydice et le mariage d’Orphée) dans le même tableau. Il s’éloigne de la tradition antique.
Dans le fond de l’œuvre est peint un paysage d’Italie comprenant des ruines évocatrices donnant au tableau une grande puissance.
Claude Lorrain peint, en 1646, Le jugement de Pâris, un tableau encore une fois inspiré de la mythologie grecque. L’œuvre se caractérise par un paysage occupant la majorité du tableau. La verticalité et l’horizontalité des lignes se conjuguent avec des éléments aquatiques. Les chutes d’eau, les torrents et des petites voiles blanches construisent la profondeur de l’œuvre. La lumière est naturelle et tamisée donnant à la scène un caractère sacré. Il est impossible de distinguer un moment de la journée, mais la lumière profonde laisse penser que l’action se déroule à l’aube ou à l’aurore.
Le tableau est une parenthèse de poésie.
Les portraits
Le classicisme est également marqué par des séries de portraits.
Philippe de Champaigne peint Le portrait du Cardinal Richelieu en 1642. Aujourd’hui l’œuvre est l’un des plus importants portraits français du XVIIe siècle. Le portrait semble réel par son grand réalisme. L’artiste a peint chaque détail du visage. Les cheveux du modèle ainsi que les poils de sa barbe sont peints avec une grande précision.
L’artiste trouve un équilibre entre embellissement grossier et trop grand réalisme. Le cardinal est de profil et évoque le buste de Jules César sur une médaille. Son profil aquilin et le cadrage du portrait décrivent le tempérament sérieux du modèle qui représente l’État.
Philippe de Champaigne devient le portraitiste préféré du Cardinal Richelieu et de nombreux portraits sont peints après cette commande.
L’un des autres grands portraits qui caractérise le classicisme est Le portrait de Louis XIV peint par Hyacinthe Rigaud en 1701. Le roi adopte une pose solennelle avec tous les attributs de la monarchie : le sceptre, la couronne, la main de justice et le collier de l’ordre du Saint- Esprit. En arrière-plan on distingue clairement des colonnes et un paysage appuyant le fait que la monarchie est puissante et éternelle.
Hyacinthe Rigaud fige l’image du portrait d’apparat. Louis XIV affectionne ce tableau et demande d’autres portraits à l’artiste. Hyacinthe Rigaud est débordé par les commandes et laisse des collaborateurs peindre certaines parties de ces tableaux.
Les autres arts
La sculpture dans l’art classique
L’harmonie et l’élégance distinguent les sculptures classiques. François Girardon est le grand représentant des sculpteurs de cette époque. Il réalise le groupe Apollon servi par les Nymphes dans la grotte de Thétis à Versailles.
L’œuvre est un groupe de marbre blanc représentant Apollon au retour de sa course et prenant un bain. Le dieu Grec est entouré de six nymphes qui s’occupent de sa toilettes et le servent. Le groupe est posé sur un piédestal dans une fontaine en forme de coquille ornée de masques de bronze doré qui jettent de l’eau.
L’œuvre fait référence au règne de Louis XIV. Apollon prend les traits du Roi et le décor de l’aiguière (vase à eau) comporte un détail surprenant : il représente le passage du Rhin. Ce décor fait allusion à l’armée française qui franchit le Rhin en 1672 après la déclaration de guerre aux Pays-Bas prononcée la même année par Louis XIV.
La sculpture classique est elle aussi étroitement liée au domaine politique. Les artistes propagent les idées monarchiques à travers leurs arts. À partir de ce groupe de sculptures, le Roi lance le programme d’ornementation du Château de Versailles à la gloire de sa personne et d’Apollon.
Le Château de Versailles comme symbole du classicisme
Le château de Versailles est le symbole de l’art classique. À l’origine Louis XIII aménage un pavillon de chasse au milieu de la forêt. Louis XIV décide en 1661, quelques années après sa prise de pouvoir, d’embellir le château. Il confie cette tâche à l’équipe qui été chargée de créer la résidence de Fouquet à Vaux-le-Vicomte.
Le Vau agrandit le château et reprend les façades, Le Nôtre dessine les jardins et Le Brun coordonne les programmes de peinture et de décoration. C’est en 1678 que le Château de Versailles devient le symbole de l’art classique français.
Louis XIV confie à Jules Hardouin-Mansart une deuxième campagne de rénovation afin de donner une régularité plus classique au château. La décoration intérieure définie l’art royal. Le jeu des glaces donne un éclat sans égal aux salles.
L’opulence et la cohérence des moindres détails reflètent la grandeur de la royauté. Le jardin est quant à lui une véritable scène de théâtre. Les plans d’eau et la verdure se soumettent subtilement à de vastes ensembles équilibrés et harmonieux. Le jardin fait écho à la volonté de contrôler la nature par l’esprit.
Grâce à ce chantier monumental, l’art classique possède un modèle, le Château de Versailles. Cet art est résolument fondé sur la clarté, l’harmonie et l’ordre.
EN SYNTHÈSE
Le classicisme a émergé au XVIIe siècle sous l’impulsion du Roi de France.
Ce mouvement artistique a une résonance sans égal puisqu’il a touché aussi bien la littérature, la peinture ou encore la musique. Aujourd’hui de nombreuses œuvres appartiennent à cette période classique et l’architecture reste le domaine le plus marquant pour les créations classiques.
Il est aujourd’hui possible d’admirer ces œuvres au Musée du Louvre (Paris), au musée du Château de Versailles (Île-de-France), Musée des Beaux-Arts de Strasbourg (Grand Est), Musée Nicolas Poussin (Normandie) et à la National Gallery of Art (Washington, États-Unis) pour l’internationale.