Comment fonctionne une vente aux enchères

Si vous souhaitez participer à une vente aux enchères (en tant que vendeur, acheteur ou curieux), vous trouverez dans cette page les principaux éléments de déroulement à connaître.

La mise à prix

Pour chaque nouveau lot présenté, le commissaire-priseur fixe à sa discrétion un prix de départ qui est en général inférieur à l’estimation basse. Cela permet de stimuler les enchères. Si le vendeur a fixé un prix de réserve sur l’objet, le commissaire-priseur pourra faire monter les enchères afin d’atteindre le prix minimal pour la vente. Il existe différents types de mise à prix :

Mise à prix au prix de réserve

Pour assurer la vente du bien pour peu qu’un seul acheteur enchérisse, le commissaire-priseur peut opter pour une mise à prix au prix de réserve.

Pour rappel, le prix de réserve est un montant secret en dessous duquel le lot ne pourra pas être vendu. Il est choisi par le vendeur et doit être inférieur ou égal à l’estimation basse de l’œuvre.

Mise à prix à l’ordre d’achat

La mise à prix à l’ordre d’achat permet de gagner du temps et mettre un certain rythme dès le début de la vente, en ce qu’un ordre d’achat peut être plus élevé que l’estimation haute.

Par exemple, si avant le début de la vente aux enchère d’un tableau estimé entre 8 000 € et 16 000 €, le commissaire-priseur a reçu un ordre d’achat de 20 000 €, il va débuter la vente en proposant 20 000 €.

Mise à prix progressive

Cette technique de mise à prix a essentiellement pour but de mettre du dynamisme dans la vente. Exemple : L’objet mis en vente est une aquarelle dont l’estimation basse est 1 000 € et les enchérisseurs semblent assez réticent à enchérir. Le commissaire-priseur peut alors choisir une mise à prix progressive pour les inciter à entrer dans le jeux des enchères. Ainsi il montera progressivement à 1 100 €, 1 200 €, etc… jusqu’à ce qu’un enchérisseur décide d’enchérir et motive ainsi les autres à le suivre.

Le pas d’enchère

Le pas d’enchère correspond au montant ajouté par les enchérisseurs à chaque nouvelle enchère. Il définit donc le rythme de la vente.

En principe, ce pas d’enchère est à l’appréciation du Commissaire-Priseur qui est en charge du rythme de la vente. Ils existent des pas d’enchères « classiques », qui sont très souvent utilisés et sont choisis en fonction du montant estimé des lots. Par exemple, pour des lots, peu chers, le pas d’enchère va de 5 à 10 euros, pour lots de valeur moyenne, cela peut aller jusqu’à 50 et pour lots onéreux, le pas est d’une ou plusieurs centaines, voire milliers.

Il convient de préciser que l’intérêt pour le lot a aussi son importance. En effet, si le lot attire beaucoup d’enchérisseurs, le commissaire-priseur n’hésitera pas à augmenter le pas d’enchères.

En outre, les enchérisseurs peuvent influencer le pas d’enchère en proposant un montant particulier. Pour dissuader les concurrents, certains décident effectivement de mettre une somme plus élevée, ou au contraire demander à baisser le pas d’enchère. Par exemple, si le pas d’enchère est à 100 et la dernière enchère a fait monter le prix de l’objet à 2 000, un enchérisseur peut proposer 2 500 et à un donc choisis pour lui un pas d’enchère à 500. Ce pas de 500 ne s’applique en revanche pas pour la suite de la vente, un nouvel enchérisseur peut très bien continuer en enchérissant à 2 600.

Il est enfin bon de savoir que dans certaines grandes maisons de vente anglo-saxonnes, tels que Christie’s ou Sotheby’s, les pas d’enchères sont préfixés. Cela est souvent dû au montant souvent très important des lots.

Comment renchérir

Les conditions pour pouvoir enchérir

Pour le côté juridique, seules les personnes morales ou physiques et majeures disposant de la capacité de contracter peuvent participer à une vente. Les ventes aux enchères sont néanmoins publiques. Ainsi, chacun a le droit d’y assister en qualité de spectateur, quelle que soit sa situation.

Enchérir en salle

Les informations principales, à savoir les horaires et lieux des ventes sont précisés par les Commissaires-Priseurs en amont, dans les catalogues de ventes, et publicités sur leurs sites internet ou encore sur Drouot Digital. Enchérir implique de s’enregistrer (soit avant en pendant la vente), mais n’engage ni à acheter ni à enchérir.

Il est essentiel de savoir que les achats faits aux enchères sont payables comptant et qu’il n’y a pas de droit de dédit, qui permet habituellement aux consommateurs de revenir sur leurs achats dans un délai de 14 jours.

Cela se justifie par le fait que les enchères mettent en concurrence plusieurs potentiels acheteurs et l’achat d’un lot doit donc être certain pour ne pas pénaliser les autres personnes intéressées par le même lot qui ont été évincées.

Enchérir en salle a plusieurs intérêts. C’est avant tout cette méthode est qui comprend le moins d’aléas et donc une fois en salle, il est peu probable de rater le lot qui nous intéresse. Elle permet de plus de contrôler le déroulement des enchères par soi-même.

L’ordre d’achat

Ordre ferme

Du point de vue légal, un ordre ferme permet à un client de donner mandat à une Maison de vente pour enchérir en son nom jusqu’à un certain montant. Concrètement, il se traduit par un prix fixe communiqué à la Maison de vente et qui fait office d’enchère maximum.

Il peut être communiqué via différents canaux : e-mail, site spécialisé, courrier

Les données à communiquer sont le ou les numéros de lots qui nous intéressent ainsi que les montants maximums que vous êtes prêt à payer, ainsi que les mêmes documents que pour l’enregistrement physique, c’est-à-dire une pièce d’identité et un moyen de paiement.

Il est conseillé de l’envoyer au plus tard la veille de la vente, pour éviter tout risque d’oubli ou refus.

Une fois l’ordre enregistré, la Maison de vente se charge du reste : pendant la vente, le Commissaire-priseur ou un de ses collaborateurs enchérit à la place du client, dans la limite du montant donné. Il est donc possible que le lot soit adjugé pour un montant plus faible que celui indiqué dans l’ordre ferme.

Cette procédure est utile dans certaines situations. Elle permet de participer à une vente sans être mis à contribution et est donc idéale dans le cas où l’on est occupé au moment de la vente. De plus, elle permet de fixer à l’avance une somme maximum, et de ne pas se laisser emporter par le jeu des enchères. En revanche, elle est parfois peu fiable. Enfin, les ordres d’achat sont un service gratuit offert par les Maisons de vente. À ce titre, ces dernières sont juridiquement tenues à une obligation de moyen et non de résultat.

La ligne téléphonique

Une ligne téléphonique peut être demandée de la même manière qu’un ordre ferme, c’est-à-dire via e-mail, courrier, pendant l’exposition ou un site d’enchères et implique de s’enregistrer et donc l’envoi d’une pièce d’identité et d’un moyen de paiement.

En revanche, son fonctionnement diffère en ce que téléphone permet de suivre en direct les enchères. Pour cela, un assistant de vente contacte le client quelques lots avant celui qui l’intéresse et est de ce fait plus sûr qu’un ordre ferme.

Elle diffère de plus par le fait que certaines Maisons de vente aux enchères peuvent demander de s’engager à enchérir au minimum jusqu’à l’estimation basse (dans l’objectif d’éviter les lignes téléphoniques vaines).

Néanmoins, elle relève elle aussi d’une obligation de moyen et non de résultat : la Maison de vente doit faire son maximum pour joindre le client, mais n’est pas tenue légalement d’y arriver. Des problèmes techniques peuvent en outre survenir. Par exemple l’assistant n’arrive pas établir la connexion, ou alors le son est de mauvaise qualité. Il arrive donc que le client rate le lot.

Enchérir online

Finalement, il est possible d’enchérir online. On trouve en effet plusieurs sites internet qui retranscrivent les ventes en live et permettent d’enchérir sur les lots. On demande en principe, comme pour les ordres d’achat, de communiquer une pièce d’identité et d’enregistrer un moyen de paiement et bien sûr de s’inscrire à la vente aux enchères. L’inscription se fait généralement avant le début de la vente mais il est possible dans certains cas de s’inscrire au cours de cette dernière.

Une fois la vente débutée, le suivi des enchères est disponible pour chaque lot. La plateforme indique effectivement chaque numéro de lot, son descriptif et le montant des enchères.

De plus, les Commissaires-Priseurs s’équipent souvent de caméra et de micro, de sorte que l’on puisse voir et écouter la vente.

Vos enchères sont retranscrites en salle par un intervenant employé par la plateforme, ou un assistant de vente du Commissaire-Priseur. À chaque nouvelle enchère, il communique le montant au Commissaire-Priseur.

Enchérir online est donc utile à plusieurs égards : vous pouvez écouter et voir la vente, et vous pouvez enchérir à votre convenance.

Néanmoins, il convient de noter quelques inconvénients. Tout d’abord, l’internet peut subir de problèmes de connexion. De plus, il peut arriver que les enchères online puissent porter à confusion. En effet, il peut y avoir des enchères équivalentes et simultanées sur une même plateforme. Dans ce cas, c’est le site internet qui choisit l’enchère qu’il fait prévaloir.

L’adjudication

Si plusieurs personnes ont laissé des ordres fermes sur un même lot, le Commissaire-Priseur monte tout seul les enchères pour les appliquer. C’est l’ordre le plus haut qui remporte la vente. Le Commissaire-Priseur s’arrête une enchère après le second ordre le plus haut.

Lorsqu’il n’y a plus de surenchérisseurs, le Commissaire-Priseur peut décider d’adjuger le lot. L’ « adjudicataire », à savoir la personne qui a mis la plus haute enchère remporte alors l’objet de la vente.

Dans les faits, l’adjudication se déroule comme ceci : le Commissaire-Priseur fait tomber son marteau puis prononce le mot « adjugé ». Dans le cas où un enchérisseur se manifeste après que le marteau est tombé, mais avant que soit prononcé « adjugé », le Commissaire-Priseur peut reprendre les enchères en ce que le lot n’est juridiquement pas encore vendu.

Cependant, une fois le « adjugé » prononcé, la propriété est définitivement transférée à l’adjudicataire. Il doit alors régler le montant de son bordereau à la maison de vente, et pourra récupérer l’objet dès le paiement réalisé.

Il est bon de savoir que le contrat de vente conclu au moment de l’adjudication peut néanmoins être annulé sous certaines conditions. Ça peut être le cas si le lot a été abîmé après la vente, si le rapport de condition était incomplet, ou si l’adjudicataire ne peut pas payer le lot. Si le lot est payé, l’adjudicataire ne jouit pas en revanche du droit de dédit (il n’est pas effectif dans les ventes publiques.

Lot non venu

Un lot pour être déclaré « non venu ». Concrètement, si pendant vente le commissaire-priseur indique qu’un lot est non venucela signifie qu’il a été retiré de la vente. Il ne le met donc pas aux enchères et passe immédiatement au lot suivant.

Les raisons qu’un lot soit considéré comme non venu sont multiples : le mandat de vente n’a pas été signé dans les temps par le vendeur ; le lot a été cassé pendant l’exposition ; le vendeur ne souhaitait plus vendre son objet, etc.

L’invendu

Un lot peut être déclaré comme invendu pour deux raisons.

Lot retiré faute d’enchère

Si le lot n’a attiré aucun enchérisseur, le Commissaire-Priseur le “retire, faute d’enchère”. Par exemple, imaginons que personne ne se manifeste quand un pichet signé Picasso est mis en vente. Le Commissaire-Priseur attend quelque temps, et s’il voit qu’il n’y a pas d’intérêt pour cet objet, il pourra dire “personne à 200 euros ? Pas de regret ? On laisse à 200 euros ? Personne ? Dans ce cas, il est retiré faute d’enchères”.

Lot dont le prix de réserve n’est pas atteint

Parfois, un lot attire des enchérisseurs, mais les enchères sont insuffisantes et n’atteignent pas le prix de réserve.

Par exemple, nous pouvons imaginer qu’un enchérisseur soit intéressé par le pichet Picasso. Néanmoins, il décide de s’arrêter à 200 euros, alors que notre vase a un prix de réserve à 250 euros. Le Commissaire-Priseur, qui n’a pas le droit d’adjuger à 200 euros, devra monter les enchères à 250 euros. Il demandera alors à l’enchérisseur si celui-ci souhaite mettre 300 euros. S’il refuse, les enchères stagneront à 250 euros et si par la suite personne d’autre ne se manifeste, le Commissaire-Priseur fera tomber son marteau sans prononcer le mot “adjugé”. Cela signifie en d’autres termes que le lot n’est pas vendu.

L’after-sale

Si l’on est intéressé par un lot qui n’a pas trouvé preneur pendant la vente aux enchères, il est possible de contacter la Maison de vente pour proposer de l’acheter. L’offre sera ensuite transmise au vendeur, qui pourra décider ou non de l’accepter.

Une offre en after-sale doit cependant se faire rapidement après la vente. En effet, au-delà d’un certain délai, les lots invendus peuvent soit avoir été récupérés par le vendeur, soit prévus dans une autre vente.

Annuler une vente conclue

Une vente pour d’abord être annulée par une folle enchère. Le terme de « folle enchère » décrit le cas spécifique où un adjudicataire n’est pas en mesure de respecter ses engagements en payant le lot acheté.

Les raisons qu’une telle situation survienne sont multiples : l’adjudicataire s’est trompé de lot et a donc acquis une œuvre qu’il ne souhaitait pas acheter ; il s’est laissé emporter par le jeu des enchères et n’est pas en mesure de payer la somme due ; il a oublié de prendre en compte certains montants supplémentaires comme les frais acheteurs, etc.

À la suite de cette situation, si l’adjudicataire à l’origine de la folle enchère refuse de payer le lot après les nombreuses mises en demeure, le vendeur peut demander la remise en vente de son œuvre dans un délai d’un mois après son adjudication. Dans ce cas, le lot est programmé pour une nouvelle vente aux enchères.

S’il se vend à un montant inférieur à la première adjudication, le fol enchérisseur devra en revanche payer la différence. Au contraire, si le lot se vend mieux la seconde fois, le boni revient uniquement au vendeur.

Il existe d’autres situations dans lesquelles une vente peut être annulée. C’est le cas si le lot a été abîmé après la vente ou si le rapport de condition s’avérait être incomplet (document présentant une description détaillée de l’objet en précisant tous les éventuels défauts, accidents, manques et restaurations).