Jean ROYÈRE

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1902-1981

Décorateur Français

Il est peu commun de voir une carrière si talentueuse commencer aussi tardivement, c’est en effet à partir de 1931 que Jean Royère décide d’embrasser la carrière de designer. C’est à l’âge de 29 ans qu’il va abandonner sa carrière dans la banque et dans l’exportation, une situation confortable mais à laquelle il se résiliera pour entamer une nouvelle aventure.

Un changement de carrière

Ce créateur de mobilier arrive dans le métier sans aucune formation préalable, sa principale motivation : l’envie et le goût pour la décoration. Avec le bar du Carlton sur les Champs Elysées, il va commencer sa carrière avec succès ce qui lui permettra par la suite de collaborer avec de grands designers tel que Pierre Gouffé. C’est avec ce dernier qu’il se lancera dans la création de meubles originaux mais surtout de grande qualité comme par exemple la chambre à coucher en placage de sycomore.

Un travail à l’image de son créateur

Issu d’un milieu aisé, l’artiste n’hésite pas à participer régulièrement aux grands salons parisiens tels que Le Salon d’Automne ou le Salon des Artistes Décorateurs. C’est notamment grâce à ces différents salons que Royère acquiert une notoriété internationale. L’œuvre de celui-ci reflète le créateur, elle est fantaisiste, issue d’un travail acharné, décomplexé et à l’image de l’aventure qui l’attend.

Utiliser les matières à bon escient

Ce décorateur hors pair a su marquer les esprits par l’utilisation de matériaux variés respectant les envies de ses clients. Il se plonge dans les décors pour ainsi y intégrer les plus belles pièces. Mélangeant bois et stratifié, notamment dans l’élaboration de la table trèfle, ou encore bois et marqueterie de paille pour les buffets. Ainsi, il porte ses conceptions hors des sentiers battus et va s’enrichir de nombreuses expériences. Aujourd’hui Barnie’s recherche et rachète les pièces de mobilier de Jean Royère, tels que tables, tables basses, fauteuils et canapés signés de l’artiste.

Un registre ornemental en lien avec l’équilibre des formes

Mais le mobilier Jean Royère c’est également le design et le mariage des formes et des matières retrouvées dans les paires de fauteuils bridges écussons ou dans ses banquettes croisillons. Les créations de l’artiste sont épurées et reflète un soucis de l’esthétisme unique. Le décorateur réussi son pari en intégrant une note poétique tout au long de son œuvre, il va élaborer une série de luminaire, dont celui liane en tube de métal, marquant un tournant pour l’époque. Il y a dans les créations de cet artiste un désir de structurer les meubles, de penser l’ornement et de le mettre en corrélation avec la fonctionnalité. Pour toutes ses raison Barnie’s se déplace en France et s’occupe de l’estimation gratuite de toutes œuvres de Jean Royère. Barnie’s achète comptant et sans commissions toutes les pièces de mobiliers ou luminaires de l’artiste.

Expertise et estimation des œuvres de Jean Royère

Nous recherchons activement les meubles signés par Royère. Contactez Barnie’s pour faire expertiser ces œuvres par notre équipe de professionnels qui vous fourniront rapidement une estimation de votre œuvre de Jean Royère.

Mélange des matières et finesse des détails s’expriment dans l’ouvrage de Jean Royère. Une des pièces les plus représentative de cet attrait pour le mélange des matériaux est la « table démontable (table Mod. 506 S.A.M.) de 1951« . Le « « Fauteuil Bridge« ” en est également une belle représentation, avec ses accoudoirs en moleskine.

Œuvres réalisées par Jean Royère

Mobilier design

Jean Royère, un designer incontournable des plus grands Salons européens et internationaux du XXe siècle

Expositions

  • 1934, 1935, 1943 : Salon d’Automne, Paris, France
  • 1935, 1942, 1954, 1959 : Salon des artistes décorateurs, Paris, France
  • 1936 : Salon des arts ménagers : Grand Palais, Paris, France
  • 1936 : Biennale de Milan, Milan, Italie
  • 1937 : Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne, Paris, France
  • 1939 : Exposition « De l’idée à la forme » Palais Galliera, Paris, France
  • 1949 : Exposition « Formes françaises » Maison de France, Rockefeller Center, New York, États-Unis
  • 1951 : Exposition « Foyer d’aujourd’hui » Salon des arts ménagers, Paris, France
  • 1952 : Exposition « le Génie de Paris », Musée des Arts décoratifs, Paris, France
  • 1952 : Exposition « Le Génie français », Revue Art et industrie, Paris, France
  • 1953 : Exposition « La Demeure Joyeuse Paul Marrot et ses amis » Pavillon Marsan, Paris, France
  • 1954 : Exposition « Foyer d’aujourd’hui » Salon des arts ménagers, Paris, France
  • 1954 : Exposition des dessins de Jean Royère, Faculté des Beaux-Arts de Téhéran, Iran
  • 1963 : Exposition au mémorial Union Ballroom, New York, États-Unis
  • 1963 : Exposition de dessins à Neufchâtel et à La Chaux-de-Fonds, France
  • 1966 : Exposition « Décors insolites chez Tristan de Salazar », Hôtel de Sens, Paris, France
  • 1981 : Exposition « Paris-Paris 1937-1957 », Centre Georges Pompidou, Paris, France
  • 1995 : Exposition « Rêves d’alcôves. La chambre au cours des siècles. », Musée des Arts décoratifs, Paris, France

Musée

  • Musée des Arts décoratifs, Paris, France

Les principaux livres sur Jean Royère

  • BEAUD Marie-Claude, MARTIN-VIVIER Pierre-Emmanuel, OLIVIÉ Jean-Luc, RUBINI Constance, ROYÈRE Jean, Jean Royère, décorateur à Paris, éd. Norma, 1999, 174 p.
  • GAILLEMIN Jean-Louis, MARTIN-VIVIER Pierre-Emmanuel, Jean Royère, éd. Norma, 2018, 320 p.
  • MARTIN-VIVIER Pierre-Emmanuel, Jean Royère, éd. Norma, 2002, 316
  • OLIVIÉ Jean-Luc, Jean Royère, décorateur à Paris, éd. Norma, 1999, 174

Biographie complète : Jean Royère, décorateur : de la vocation tardive à l’évidence

Jean Royère, designer et dessinateur français de renom, est né le 3 juillet 1902 à Paris au sein d’une famille aisée. Son éducation classique et soutenue l’oriente, après un parcours scolaire classique, à étudier le droit. Il part pour l’Angleterre étudier à l’Université de Cambridge, avant de revenir à Paris à l’aube de ses 23 ans.

Sa vocation de décorateur ne se concrétise que grâce au soutien de Louis Metman, conservateur général du musée des Arts décoratifs, et de son oncle Jacques Raverat, avec qui il travaille jusqu’en 1931 dans une société d’import-export.

Les commandes commencent à affluer après que Jean Royère ait réalisé le décor du cabinet médical et de l’appartement du docteur Philippe Decourt. En 1933 il réalise également le décor d’une brasserie sur les Champs-Élysées à Paris : le Carlton. Le succès ne se fait pas attendre, le mobilier métal, Bakélite et rotin fait sensation, et un article de la revue Art et industrie souligne les débuts prometteurs de ce jeune décorateur.

L’année suivante, en 1934, Jean Royère fait la connaissance de Pierre Gouffé, un fabricant de mobilier de style au Faubourg Saint-Antoine. Le jeune décorateur créé du mobilier pour la section design de cette importante maison. La renommée ne tarde pas à venir, lorsque Jean Royère reçoit une médaille de bronze au salon d’automne de cette même année.

Son mobilier est alors caractérisé par des tubes et lattes en métal, très épurés. Ce mobilier habillera son premier atelier rue Passy à Paris, qu’il investit dès 1934.

En 1935, Jean Royère connait un nouveau succès au salon d’Automne avec sa conception d’un salon complet, composé de meubles dans les tons bruns, rehaussés de rideaux à fleurs. Il poursuit sur sa lancée avec la présentation d’un cabinet de travail ainsi que d’une véranda au Salon des artistes décorateurs.

En 1936, le décorateur participe au Salon des arts ménagers où il se distingue une fois de plus notamment grâce à la réalisation d’une chambre en bois laqué blanc, sur le thème de la « maison de week-end ». Plus tard il réalisera, en collaboration avec deux architectes, du mobilier produit en série renouant avec ses premiers amours : le métal.

La même année il remporte un concours organisé par la Fondation Foch, pour l’aménagement de 120 chambres pour les étudiantes infirmières de Suresnes. Ils se distinguent dans d’autres grands ensembles, avec, entre autres, la création de mobilier en série pour la cité d’Aplemont réalisée par l’architecte Jean Walter.

De décorateur à designer, entre influence venue d’ailleurs et retour à la Tradition

Jean Royère fait la rencontre de designers, notamment italiens, et scandinaves, comme Gio Ponti et Alvar Alto, à la triennale de Milan, qui auront une influence certaine sur ses projets. Jean Royère part pour les pays scandinaves, en Suède, en Norvège et au Danemark et raconte en ses termes son expérience du Design nordique « Et bien avant que les créations nordiques ne fussent connues en France, j’avais été très frappé par leurs techniques, leur goût, leur façon de concevoir le mobilier moderne en fonction de la vie actuelle… ».

Dès 1937 Jean Royère est reconnu par ses pairs ainsi que par les amateurs d’arts décoratifs comme une figure incontournable du design en France. L’exposition internationale des arts et techniques de la vie moderne se tient cette même année à Paris, l’occasion pour Jean Royère de déployer tous ces talents à travers la réalisation de nombreux ensembles pour les pavillons de l’exposition. Dix-sept en tout. Il réalise notamment les coins de repos pour l’hiver et pour l’été, pour le pavillon des artistes décorateurs. Ces deux ensembles marquent le point d’orgue de sa carrière, tant la critique l’encense.

Toujours présent au Salon d’Automne, Jean Royère présente pour la première fois son mobilier de la série « croisillon », qui est actuellement l’un des plus recherchés par les collectionneurs de Design. Devenu sociétaire au salon d’Automne, il l’est également au Salon des artistes décorateurs.

Jean Royère se lance dans la réalisation d’un grand projet pour l’appartement de son ami Henri Lazard. Ce dernier lui confie la décoration intérieure de tout son appartement. Ce chantier est le premier d’une longue série où les fauteuils en métal chromé ou laqué côtoient les tables en bois.

En 1939, Jean Royère expose au Salon des artistes décorateurs un boudoir qui marque un tournant dans sa création. Sont alors présentées de nombreuses pièces de mobilier qui font aujourd’hui sa renommée. Des fauteuils « éléphanteau », aux sièges « trèfle », une grande partie de ses meubles les plus connus y sont. Son style, d’une originalité moderne et subjective est critiquée par certains qui le qualifie de « baroque forain », laissant peu de chance au génie de s’exprimer.

La guerre est déclarée et Jean Royère se retrouve mobilisé comme maréchal des logis au fort de Charenton puis à Fontainebleau. Il sert l’effort de guerre d’une façon peu commune grâce à son métier. En 1940, il reprend ses activités de décorateur auprès de Pierre Gouffé. Résistant actif, il cache des civils et des aviateurs alliés.

Malgré les circonstances, Jean Royère continue de travailler sur des projets d’ensemble mobiliers rustiques, caractéristiques des attentes de l’époque et d’un retour à la sobriété dictée par ces temps difficiles.

L’année 1943 marque un tournant dans la carrière de Jean Royère. En pleine guerre mondiale, il ouvre un cabinet de décoration à Paris. Il continue de participer aux expositions et notamment au Salon d’Automne où il présente un meuble bas de rangement avec une technique de marqueterie de paille. Cette technique, utilisée au XIXe siècle pour couvrir des boîtes, coffrets et autres objets de petite taille est réintroduit par le designer. Les matériaux modestes et la technique artisanale n’enlèvent rien à la beauté moderne de ce meuble.

Les designers sont marqués par un retour à la Tradition en ces temps troublés et Jean Royère ne fait pas exception. Le mobilier rustique caractéristique des débuts de l’artiste n’a jamais réellement quitté ses projets. Jean Royère réalise des meubles en chêne massif notamment pour le 32e Salon des artistes décorateurs où il présente une salle à manger d’auberge rustique.

Au-delà des frontières, un designer à la renommée internationale

Bientôt l’art de Jean Royère s’exporte à l’international et notamment au Moyen-Orient auprès de riches commanditaires. En 1938, il réalise l’appartement du président de la Bourse du Caire. C’est le point de départ de plusieurs chantiers au Moyen-Orient, au Liban, en Égypte ou encore en Syrie. Durant les années de guerre, Jean Royère retourne en France pour se concentrer sur ses projets locaux avant de retrouver ses projets internationaux.

L’aspect international de la carrière de Jean Royère est très important. En 1946, le designer ouvre une galerie « Jean Royère et Aladin » au Caire, grâce au succès de ses collaborations au Proche et Moyen-Orient. Gabriel Chamma devient son représentant sur place, et présente via une exposition annuelle les nouvelles créations du designer via des maquettes ou des photos. L’année suivante, il ouvre une autre galerie à Saint-Tropez, puis à Beyrouth, fort de son succès à l’étranger.

En 1947, Jean Royère emploie ses talents à la décoration de l’ancien appartement de sa mère, du 234 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, dont il devient propriétaire. Le canapé « Boule » ainsi que ses premiers meubles biomorphiques font leur apparition. Il crée également le mobilier pour le « bureau d’une femme d’affaires » en tôle noire, avec des pastilles ivoire.

Le luxe et la fantaisie caractérisent le mobilier de Jean Royère. Cela se constate tantôt dans la création d’un mobilier luxueux en bois précieux, tantôt dans la réalisation de mobilier à poils longs et « canapé banane ».

L’apogée de sa carrière internationale se cristallise lorsqu’il réalise, en 1948, la décoration de l’ensemble des pièces de réception du consulat de France à Alexandrie. Sa fantaisie est alors limitée aux tapis et au grand lustre « hérisson », les meubles réalisés en bois précieux et bronze s’imposent pour la solennité d’un tel lieu. Il s’agit de sa première commande publique d’importance. Des pièces de réception, au vestibule, Jean Royère peaufine les moindres détails d’un aménagement global. Cette vitrine est d’une importance capitale pour le designer qui multiplie les chantiers en Égypte, notamment aux hôtels Sémiramis et Shepheard’s.

En 1949, Jean Royère installe son atelier au 182 rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Sa galerie, plus grande que la précédente, lui permet non seulement d’exposer ses nouveautés, mais aussi les réalisations de certains de ses contemporains comme des laques de Bernard Dunand, ou encore les tapisseries de Jacques Anquetil.

La même année, Jean Royère présente au salon de l’imagerie, un projet de mobilier de jardin, en tubes métalliques, ainsi qu’une grande cheminée blanche. Peu connu aux États-Unis, contrairement à son succès au Moyen-Orient, Jean Royère ne réalise qu’un chantier en Amérique du Nord à l’ambassade du Koweït aux États-Unis.

De retour à Paris en 1950, Jean Royère réalise la décoration du restaurant Drouant à Paris, ainsi que plusieurs autres chantiers en France, et notamment dans les Alpes.

Jean Royère, ainsi que plusieurs autres décorateurs sont appelés à Helsinki, afin de décorer les logements de la légation de France sur place. Les salons sont confiés à Jean Royère, qui les meuble de tables basses aux pieds « sphères » et de fauteuils boule « polar bear » (ours polaire).

Jean Royère présente une chambre meublée de mobilier en rotin lors de l’exposition « Foyer d’aujourd’hui » au Salon des arts ménagers de 1951. Le designer se rend à tous les évènements d’importance en France comme à l’étranger et cette année-là il part à Milan pour l’exposition triennale et à Londres pour l’exposition d’art décoratif du festival.

En 1952, des meubles de Jean Royère sont pour la première fois présentés au Musée des Arts décoratifs de la ville de Paris, lors de l’exposition intitulée « Le Génie de Paris ». Il y présente une chambre de « jeunes gens » résolument moderne, où les bureaux en chêne qui pourraient paraitre rustiques sont animés de modernité grâce à une structure métallique laquée.

Jean Royère participe à la décoration du palace Le Capitole de Beyrouth, en 1953. De la salle de cinéma aux chambres, le designer laisse libre cours à son imagination, tantôt tintée de classicisme et de sobriété dans les chambres, tantôt de fantaisie comme dans les parties communes.

C’est en 1954 qu’est présenté pour la première fois le fauteuil « œuf » au Salon des arts ménagers, ainsi que la table basse de la série « flaque ». Ces deux modèles deviennent très vite des classiques du répertoire de Jean Royère.

L’orientation de sa carrière prend un tournant plus architectural avec le projet de villa californienne au Maroc, à Casablanca. À Téhéran, il organise une conférence sur le design d’intérieur et plus généralement sur l’architecture d’intérieur et y expose ses dessins. En Arabie Saoudite, Jean Royère participe à la décoration du Palais du roi Séoud d’Arabie à Djedda.

Le milieu des années 1950 marque la découverte de nouvelles créations comme la table basse au piétement « yo-yo » ou encore ses appliques lianes, appliques toute en légèreté, rappelant un célèbre dicton de l’art nouveau « Jetez la fleur, gardez la tige ».

À Bagdad il réalise en collaboration avec le ferronnier Raymond Subes, du mobilier en fer courbé. Ce mobilier pour l’Arab Bank est une nouvelle innovation dans son travail de recherche autour de la modernité.

Ses chantiers se multiplient à Jérusalem et Beyrouth, mais l’instabilité politique au Moyen-Orient le pousse à s’éloigner et construire un nouveau projet international : il part pour Lima afin de fonder avec André Castoriano (antiquaire péruvien), un magasin destiné à la décoration intérieure. L’année suivante il ouvre à Sao Paulo la galerie Esquisses.

En France, ses projets vont bon train. Le designer s’attelle à la décoration du bureau du président de la chambre de commerce du Havre. Parmi d’autres chantiers, celui-ci est empreint de sobriété, matérialisée par du mobilier de style néo-classique. Jean Royère réalise également des aménagements intérieurs pour le célèbre restaurant Le Fouquet’s des Champs-Élysées.

Toujours très implanté au Moyen-Orient, Jean Royère réalise pour le Shah d’Iran, la décoration de son palais de Sa’ad Abâd. Ce chantier consiste en l’aménagement de plusieurs pièces, dont deux salons et une salle de cinéma, ainsi que la décoration des appartements de ces sœurs. Les chantiers sont pharaoniques, ce qui ancre un peu plus le designer dans cette partie du monde.

Il ouvre une succursale à Téhéran, où il réalise la décoration du Park hôtel et le palais de Baharestan, qui est le nouveau Sénat. En 1959, on lui confie la décoration du Sénat de Téhéran, qui marque l’apogée de sa carrière au Moyen-Orient. Là il collabore notamment avec le célèbre ferronnier Gilbert Poillerat, pour la confection du mobilier et du décor dans son ensemble.

Des années 1960 à 1981 : entre création, nostalgie et hommage

 1959 marque l’année de sa dernière participation au Salon des artistes décorateurs. À cette occasion, Jean Royère présente un salon confortable, avec la présentation de ses lampadaires « liane », qui devient dès lors un classique de son répertoire de créations.

Jean Royère se fait construire une maison préfabriquée en 1960 dans la forêt de Marly, qui propose un échantillon de ses créations les plus célèbres. Il utilise cette maison comme lieu de réception pour ses clients, mais aussi pour ses amis.

En France, un nouveau chantier attend le designer en 1961 : l’aménagement des appartements privés du commandant du paquebot France. Il est alors associé à Jacques Lévy-Ravier, qu’il avait protégé 20 ans plus tôt lors de l’Occupation. Bientôt d’autres chantiers suivront comme la décoration du paquebot Mélusine, puis le chantier de l’hôtel Bristol à Paris.

Présent sur tous les fronts de la création, Jean Royère a écrit pendant quelques années, des articles sur le design pour des revues comme « Mobilier et décoration », et a publié des livres comme en 1970 un ouvrage intitulé « Harems et Pieds dorés » où il raconte ses voyages et ses rencontres avec les rois et princes du Moyen-Orient.

En 1966, lors de l’exposition intitulée « Décors insolites chez Tristan de Salazar », Jean Royère présente un échantillon des meubles qui ont fait son succès au cours des dernières années, dans un projet intitulé « Salon au 50e étage d’un immeuble à Manhattan, New York ». Des appliques « liane » au canapé « banane », tous les meubles reflètent les années de réflexion autour du design de ce créateur de génie.

Jean Royère se singularise par l’emploi de matériaux très divers comme la marqueterie de paille, le métal perforé ou laqué, ou encore les poils longs sur ses fauteuils et ses tapis. De tous les matériaux, mais aussi de toutes les formes, avec les célèbres formes « banane », « boule ». De ses chaises « trèfle », au fauteuil « éléphanteau », en passant par les tables basses roulantes, « sphère » ou les étagères en fil de fer, Jean Royère aura su exprimer son talent sous toutes les formes.

C’est en 1972 que Jean Royère prend congé de son métier de décorateur et s’installe définitivement aux États-Unis en 1980. Il met en vente une partie de son mobilier et lègue alors au Musée des arts décoratifs de la ville de Paris un grand nombre d’archives de son travail et un certain nombre de meubles parmi les plus iconiques.

Jean Royère meurt le 14 mai 1981 aux États-Unis. De nombreuses expositions lui ont rendu hommage depuis, au musée des Arts décoratifs de la ville de Paris, mais aussi dans les galeries parisiennes comme à la Galerie Sonnabend à New York en 2008.